Extrait du journal

Il y a eu deux ans hier, Frantz-Reichel mourait dans son bureau de Figaro. Le sport perdait en lui un précieux animateur, un ardent défenseur, et le sport français l'un de ses plus brillants pionniers. Deux ans ont passé, mais le souvenir est resté vivace au cœur de ceux qui avaient connu cet homme infatigable, ce sportif admirable et convaincu, ce journaliste intègre et indépen dant. On l'a bien vu hier où la foule de ceux qui n'ont pas oublié Frantz-Reichel était venue assister à l'inauguration du, beau monument érigé, à la porte Molitor, — dans ce coin de Paris où la vie sportive est particulière ment intense — à la gloire de Frantz-Reichel, journaliste et sportif. Successivement, M. Georges Bruni, au nom du Comité Frantz-Reichel ; M. René Fiquet, président du Conseil municipal de Paris, et M. Louis Marin, ministre de la santé pu blique et des sports, prirent la parole et rappelèrent l'œuvre de notre ami tant regretté. M. Louis Marin, dans une remarquable im provisation, a salué, en Frantz-Reichel «le grand praticien qu'animait une grande intel ligence » et l'homme qui avait su vivre pour un idéal. Il fit un saisissant rapprochement entre les mœurs présentes et celles d'autrefois, entre la jeunesse d'hier et celle d'aujourd'hui. Il exalta les vertus de notre race et cette qualité française qui doit se retrouver par tout, il déplora enfin l'absence d'idéal qui caractérise la génération actuelle. Toute sa vie, Frantz-Reichel avait défendu ces vertus françaises ; toute sa vie, il avait travaillé afin que la qualité française s'af firmât ; toute sa vie, il a bataillé pour un idéal et pour que chacun possédât un idéal. C'est avec joie, avec émotion aussi, que ceux qui furent ses compagnons, ses amis, ses disciples, écoutèrent M. Louis Marin. De puis trop d'années — sous prétexte que les temps sont changés — on prétend qu'une évo lution s'est faite qui interdit à notre jeunesse de se livrer à la bienfaisante pratique des exercices physiques pour l'unique joie, pour la grande satisfaction qu'ils procurent. On a cherché à tuer, chez nos jeunes gens, l'idéal ; on a perdu de vue, hélas 1 la haute, la noble mission du sport qui est o.lle d'éduquer la jeunesse, de lui enseigner pour quelles fins elle doit cultiver son corps, et, par les jeux virils, avoir une âme saine et virile dans un corps sain et entraîné. L'éducation physique et sportive entre dans l'éducation morale, intellectuelle et sociale de l'individu. C'est une mission qu'il ne faut pas méconnaître. C'est pour cette grande cause que Frantz-Reichel a toute sa vie lutté de tout son cœur. André Reichel....