Extrait du journal

Pauvre petite ville de Senlis ! Combien elle méritait peu toute cette dévastation, toute cette cruauté ! Elle" ne faisait pas de bruit. Elle se cachait presque au fond de sa calme vallée entourée de coteaux modérés, dans un paysage gracieux, souriant et raisonnable. Le train du monde ne l'avait pas emportée. Evidemment Paris n'était pas loin, mais elle n'avait jamais rien l'ait pour s'en rapprocher. C'est une des rares petites villes qui aient pris leur parti de pester à la campagne. La campagne l'en ,avait récompensée, et au printemps les vieux murs de ses, remparts disparaissaient sous de jeunes églantiers. Aussi Senlis avait eu la sagesse de rester elle-même, très française, et qui mieux est, très « Ile-de-France ». Selon les points d'où on l'observait, elle apparaissait tantôt seigneuriale, tantôt bourgeoise, souvent aussi ecclésiastique, mais avec gaieté. Le ruisseau qui la côtoie s'appelle la Nonette. Elle conservait, fièrement son glorieux passé mais ne s'en vantait pas. Elle semblait se dire : « Evidemment j'ai vu bien dès choses; j'ai abrité de bien grands seigneurs et de bien grandes dames, voire même des rois qui souhaitaient se reposer sous mes tilleuls de leurs travaux et de leurs plaisirs, mais je ne veux pas raconter trop haut tous ces beaux souvenirs, on serait capable de me les prendre. » Et Senlis les raconte .tout bas. Senlis était discrète. Pourtant les archéologues l'aimaient. Elle leur rendait leur cinquante ans. On continuait à lui faire des confidences, et la tranquille et sage petite cité avait conservé tuie charme analogue à celui d'une dame très âgée qui n'aurait pas du tout vieilli et qui aurait- eu beaucoup d'histoires, presque toutps honnêtes....