Extrait du journal
Nous sommes heureux d'offrir à nos lecteurs la deuxième partie d'une sccne capitale du Messager, la pièce nouvelle de M. Henri) Bernstein, dont le théâtre du Gymnase a donné, hier soir, la pre mière représentation et qui est peutêtre l'œuvre la plus belle et la plus haute du grand dramaturge. * * * Gilbert Rollin, 22 ans (Claudé Dauphin), envoyé clans l'Ouganda par une Compagnie coloniale, connue prospecteur d'une grande affaire, y a eu pour chef Nicolas Dange, S 8 ans (Victor Francen), « Nick », comme l'appellent ses intimes. Les deux hommes ont lie sous l'affreux ciel africain une ami tié profonde. Nicolas est marié, il est éperdument amoureux de sa femme et, dans les torrides nuits d'insomnie, il n'a cessé de parler à Gilbert, de Marie, 27 ans (Gaby Morlay). Gilbert, revenu à Paris le premier, dé couvre que Nick lui a en quelque sorte communiqué sa passion et que, lui aussi, aime Marie. Celle-ci, malgré son adoration pour Nick, ou peut-être à cause d'elle, est mystérieusement attirée vers le jeune hom me. Elle cède. Mais cet abandon, cett faute, ne lui apportent pas le bonheur. Le troisième acte, auquel est empruntée la scène que nous reproduisons, se passe dans une boite de nuit somptueuse, où sont venus échouer Marie, déjà lasse et pleine d'horreur, et Gilbert, qui sent que sa brève victoire n'a été que l'effet d'une erreur. Attablés parmi les danseurs et les soupeurs, aux sons exquis d'un jazz, leur dé sarroi 'S'exprime en un dialogue d'une sim plicité déchirante. Marie Tu es trop bête, à la fin ! Que suppo ses-tu, Gilbert ? Jamais, je n'avais trompé Nick ! Tu ne le crois pas ? Gilbert Si je le crois ? Ah ! oui, je le crois ! Ecoutez bien ceci : jamais, vous n'avez trompé Nick ! Marie Je ne comprends pas ! Gilbert Jamais. Même à l'heure qu'il est, vous ne l'avez pas trompé. Marie C'est une spirituelle plaisanterie ? (Et comme Gilbert la regarde tragiquement et ne fait que secouer la tète, elle se radoucit soudain.) Jurez-moi que vous n'avez pas bu une douzaine de cocktails avant de me rejoindre ! (Lui touchant le bras.) Dites, mon chéri ! Gilbert Je ne su/s pas ton chéri, Marie. Je suis un de ces petits types que tu méprises beaucoup... que tu appelles généralement : « Ce petit crétin ! » Je suis un entre mille des petits crétins... Marie Et je t'ai choisi entre les mille autres ? gilbert Vous ne m'avez pas choisi ! Je suis Tenu. Marie, riant, s'efforçant de ramener la gaieté. Tu as paru ! Gilbert Ou plutôt, je suis revenu. Je suis revenu de l'Ouganda. Marie Ah ! vous croyez que le fait d'arriver de l'Ouganda... Gilbert Oui, je crois que le fait d'arriver de l'Ou ganda. (Un silence. Il détourne la tète et essuie rapidement une larme. Puis :) Vou lez-vous que nous allions maintenant à Lysboa ? Marie Enfin, où avez-vous pris ces idées in croyables ... absurdes ? Je désire le savoir ! Gilbert Oh ! c'est simple. La première fois... notre premier soir... Mais vous serez fâ chée ! Marie Jamais de la vie ! Tu t'imagines que je renie des choses de moi ? Le premier soir, chez toi ?... Gilbert Vous étiez... ; Marie Tu peux encore me dire tu ! Gilbert Tu étais... comme enivrée. C'est drôle, mais c'est ainsi ! Marie Je n'ai pas protesté. Gilbert Et moi, l'émotion me bouleversait ! J'au rais pleuré... Du reste, j'ai pleuré ! Mais aussi, j'étais effrayé : tout cela me parais sait (ayant cherché le mot en frottant les uns contre les autres ses doigts)... pas vrai. Je ne méritais pas cet immense bon heur... ce bonheur. Marie, lui prenant la main. . Si, puisque tu l'as reçu ! Gilbert Vingt fois... plus de vingt fois, cette nuit-là, vous m'avez parlé de Nick. Marie ' Si c'est vrai, ce n'était pas joli, mais Vous auriez tort de penser que... Gilbert Vous m'avez demandé de vous répéter tout ce qu'il disait de vous. Vous vouliez |...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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