Extrait du journal
Il y a au moins deux sortes de pluie. Il y a la pluie maussade, agressive, mal élevée qui éclabousse et crache. C'est alors que, sans ménagement ni périphrase, nous la traitons de sale. La pluie d'hier était tout autre : elle tombait sans fracas, sans passion, sans bluff, comme une bonne petite femme de pluie qui fait honneur à ses affaires ; mais la meilleure raison de sa sagesse était d'.avoir laissé au logis son fougueux mari, le vent. Il est assez rare de s'éveiller avec le cou rage du temps qu'il fait. L'été, on se plaint quand on a trop chaud et quand on n'a pas assez chaud ; on se plaint l'hiver lorsqu'il fait trop froid ; on boude le printemps quand il est tardif. Quant à la pluie d'aijtomne, on l'inju rie, tout simplement. Mais, si les gens n'ai ment pas la pluie, c'est que la plupart d'entre eux ne savent pas flâner sous elle ! Car les pluies comme celles d'hier ne sont pas pour les gens affairés : entre leurs mains, le parapluie devient une arme offensive, et dè la moindre flaque d'eau ils font un bain de pieds. De même, il ne faut pas aimer la pluie dans les rues étroites : elle s'y adapte trop vite au caractère des rigoles, quand elle ne joue pas à la-balle sur les murs. Ce sont les grandes avenues et des boule vards quasi solitaires qui ont été suivis hier par les amoureux de là pluie. Et sur les pa vés qu'elle lave ou sous les arbres qu'elle re verdit, il suffit de les voir marcher pour les reconnaître. Ils ne se hâtent pas ; ils se sont d'ailleurs équipés au goût de cette exigeante visiteuse, car il y a une élégance de la pluie. Les profanes^ne se mettent pas en frais pour les averses ; ils s:habillent, au petit bon heur, avec le premier vêtement qui se faufile entre leurs membres, et ils vont, insoucieux d'harmonie, dans l'atmosphère aux tons pas sés. C'est .pourquoi tant de silhouettes de viennent, sous l'ondée, si aisément, ridicules 1 Certaines teintes, même, devraient être con damnées comme attentats à la couleur; est-il rien de plus disgracieux, par exemple, qu'une robe beige ou kaki se détachant sur fond de boue ? « Ah ! par les jours de pluie que ces robes sont laides. > Des bottines montant très haut, avec talons...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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