Extrait du journal
Nous savons aujourd'hui nous restreindre et nous avons appris à compter. Les théâtres eux-mêmes attendent vrai ment la centième représentation d'une pièce pour l'an noncer et pour fêter ce succès en buvant du cbarnpagne, selon la tradition. Naguère, iis se pressaient d'afficher-la cinquantième-dès la vingtième et ils atteignaient la cen tième par des raccourcis encore plus rapides. Tristan Bernard a donné la formule de ces logarithmes théâtraux alors qu'il ne pensait pas à devenir directeur à son tour, pour notre joie et celle de tous ses admirateurs. Félicitons-nous de voir nos théâtres résister heureu sement à la crise générale. Depuis le début de la saison, les soupers de centième se sont succédé sans la moindre erreur de calcul. Celui du théâtre Pigalle, récemment, fut magnifique et d'une cordialité toute particulière. . Toutefois, si le calcul des représentations est devenu exact dans nos théâtres, le protocole des fêtes de cen tième est demeuré le même qu'au temps des prestigieuses additions-soustractions. Les directeurs, auteurs et inter prètes attendent toujours pour festoyer avec leurs amis que les spectateurs soient sortis du théâtre., Ces soirs-là, acteurs et machinistes pressent la représentation, les dames du vestiaire retrouvent les manteaux et les para pluies avec une rapidité invraisemblable. Toute la maison a grande hâte de se débarrasser des importuns. Ce sont ces importuns, tout de même, ou leurs frères, qui ont assuré la réussite du spectacle. Malgré les « commodités » des cinémas à l'américaine, ils sont restés fidèles au. théâtre. Bien souvent leur, « presse parlée » a réagi contre les articles des' critiques et les plaisanteries des parasites de répétition générale. Pour quoi ne pas les retenir? Non pas tous, ils seraient trop nombreux, mais un tirage au sort serait si facile à organiser... Le théâtre, qui est une grande famille, sait que la vie nous réserve plus de peines que de joies.-II fait appel à son cher public dès qu'il s'agit d'assurer la recette d'un gala de bienfaisance. Dès qu'il y a une catastrophe publique, une infortune privée, un faire-part est envoyé aux fidèles spectateurs qui apportent chaque fois leurs cartes de visite, leurs gerbes ce fleurs, leurs billets de banque. Est-il juste de ne les inviter qu'aux maladies, faillites, enterrements de la famille ? N'ont-ils pas leur place à ces baptêmes, à ces mariages que sont les centièmes ? Régis Gignoox. •...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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