Extrait du journal
Désespéré, des sanglots dans la voix, le pauvre garçon est venu m’apprendre la mort de son adorée : Tout est fini ! m’a-t’il jeté. Elle s’est endormie, hier. Pauvre Jane ! Pauvre chérie ! Depuis deux ans, mon amie agoni sait. La phtisie, implacable vampire, lentement la mangeait. Chaque jour ses joues pâles se creusaient, son corps se décharnait. Si jolie pourtant, lorsqu’elle se ma ria! Ce fut l’année de l’Exposition, au mois d’octobre. Elle avait dix-neuf ans. Une exquise Parisienne, avec des che veux très bruns, un ravissant visage éclairé par des yeux vifs et tendres, de ces yeux dont les étincelles marquent clairement les intimes chaleurs du cœur. Le matin de ses noces, je l’aidai à s’ha biller. Chère amie de pension, elle me consulta si drôlement : — Crois-tu que mon mari me trouvera belle, qu’il pour ra, sans regrets, me comparer à ces • demoiselles » qu’il a aimées ? Disant cela, elle avait laissé tomber sa chemise. Elle se tenait devant moi, nue, chastement impudique, les jambes enveloppées dans la miroitante soie des coquets bas blancs, retenus, à mi-cuis ses, par un flot de satins roses. Le corps divinement cambré, consciente de sa splendeur, elle souriait. Je la vois encore, si vivante, avec sa ferme poitrine, un peu grasse, mais si joliment moulée, ses cuisses adorablement campées, sa fine jambe nerveuse. — Oh ! oui, lui dis-je, tu es ravis sante • je voudrais être homme pour te Posséder. — Un peu follement, çà et là, 11[nprimai ma lèvre, qui mit des mou ches rouges sur son rose épiderme. ** le la revis, au retour d’un long voya8e de noces qu'elle fit en Tunisie avec son mari. Combien changée ! Ses yeux paient des éclats de fièvre, cerclés de “'stre• son visage s’était émacié. Les ^édecins déclarèrent au mari que sa ane était dangereusement atteinte. —’ Il faut, dirent les docteurs, ména8er la chère enfant ; ne point l’épui^ Par de fréquentes caresses. Il serait Prudent, pour vous deux, de faire chamre à part, de n’avoir que de très rares raPports... une fois par mois. C est enc°re trop. mari n’osa pas apprendre à ^mée la gravité de son état. Il lui réI a du moins la recommandation de a Acuité : une fois par mois....
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
En savoir plus Données de classification - zidler
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