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Le Fin de siècle, 6 décembre 1896

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Le Fin de siècle
6 décembre 1896


Extrait du journal

Comme dans la chanson, Jenny l'ouvrière est « une enfant blonde aux plus fraîches cou leurs ». Et c'est là liant, tout en liant de Belleville. que fleurissait le petit jardin qu elle avait planté sur sa fenêtre et quelle cultivait, lu soir, eu rentrant de I atelier... Mais il y a très loin de la rue de la Paix à Belleville, et, pour ne pas faire le chemin toute seule, Jenny l’ouvrière accepta de se faire accompagner, un beau soir de l’été dernier, par un brillant cavalier, qui lui dit de si jolies choses ! Et le brillant cavalier a eu la sagesse de ne vouloir rien brusquer. Il a respecté longtemps, longtemps, la vertu de Jenny ; il s’est contenté longtemps, longtemps, de fleurir journellement sa fenêtre de jolis bouquets. Tout dernièrement encore, de merveilleux chrysanthèmes «le nuances infiniment déli cates composaient le jardin de Jenny l’Ou vrière. Et puis, soudain, les chrysanthèmes ont disparu. Jenny l’ouvrière a déménagé sans crier gare. On est très ému, très inquiet à Belleville... Rassurez vous, braves gens ! Les jolies fleurs de Jenny seraient mortes de froid, dans sa mansarde. Cest pour ses chères fleurs^pour elles seules, quelle a consenti à ^‘iiir habiter un douillet entresol bien capitonné, dans la plaine Monceau... Et vous pouvez être sûrs que Charles ***, qui est un horticulteur émérite, aura le plus grand soin de Jenny et de son iardiu!... , Cest à une de nos plus mignonnes sportswomen, Mariette D..., fanatique également de la Whitworth, du cheval, du palia et de la chasse, qu’est arrivée l’autre matin la fâcheuse aventure suivante : Mariette débarquait à la gare de Lyon, retour d’un voyage d'un mois en Seine et Marne où elle avait fusillé beaucoup de lapins, de per dreaux et de lièvres.Si vous l’aviez vue descendit du train, vous auriez été certainement stupé faits de la trouver à ce point en beauté, fraîchi comme une rose. Mariette avait engraisse, elle s était arrondie, potelée de partout... bref, l'air de la campagne l'avait changée du tout au tout. Mais était ce bien l'air de la campagne, au fait, qui l avait ainsi métamorphosée? LU employé d'octroi, naturellement sceptique, eut le mauvais goût de suspecter l'embonpoint de Mariette cl, malgré les protestations de la belle enfant, il I invita a>scz peu poliment à « passer à la fouille ». Et, qiiclquus minutes après, la pauvre Ma riette sortait du local réservé à la » fouille » «les contrebandières, délestée d’une demidouzainc du perdreaux qu un avait déniché* dans ses intimes dessous. Ca va lui couler très cher! Et voilà où mène la passion des petites économies. En 1 honneur de la Sainte-Barbe, fête des artilleurs, grand dîner, hier soir, chez Delphine de Roubaix, en son appartement de l'avenue Lowcndall. Comme convives, naturellement, la line fleur des lieutenants d’artillerie de 1 Ecole militaire et de Versailles, plus quelques très aimables demoiselles ayant toutes, comme la maîtresse de maison, la plus vive sympathie pour le jiantalou uoir à bandes rouges.* C est dire qu'ou ne s est pas ennuyé un seul iustaut et que la fête s’est prolongée jusqu à une heure avancée de la nuit. **« Petit courrier de l’élégance : La dernière innovation de la maison IlanserHarduin, 3ü, boulevard des Capucines, est vrai ment charmante. Les bouquets de fiançailles, les bouquets pour demoiselles d houneur eu orchidées Alexandra sont vraiment du dernier chic et d un goût exquis. Maintenant, il u est pas besoin de dire que cette maison a été depuis longtemps consacrée par le Tout Paris élégant. **e L’avenir u est à personne, a dit Victor Hugo. Si, l’avenir est au Jockey-Club, qui livre ses complets et pardessus à 65 francs et ses com plets habit (ou redingote) à 100 francs, sur me sure, 101, rue Richelieu (téléphone). •** L’Eau Tuéro, que toute mondaine doit con naître, a le don de raffermir les chairs. Trois jours d’emploi sur le visage et sur les seins re donnent et conservent la jeunesse et la fermeté. Vente et application : M*e Paul, 51,ruedcDouai....

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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