Extrait du journal

VERSAILLES, 28 BAI 1871. Le cercle de fer formé par nos vaillantes troupes va chaque jour se rétrécissant davantage. Les in surgés sont acculés sur les hauteurs de Belleville, et c'est aujourd’hui, assure-t-on, que ces positions se ront enlevées. Il était digne, en effet, de la renommée détestable que s’était acquise ce faubourg depuis quelques années, en étant le foyer de toutes les agi tations démagogiques, d’en être aujourd’hui le tom beau. Aucun incident important ne s’est produit à la séance d’hier, mais on nous promet pour lundi une séance plus intéressante. M. d’Audiffret-Pasquier doit interpeller le ministère sur li convenance de procéder aux élections législatives complémentaires. Nous ne comprendrions pas que ce débat pût soule ver de graves difficultés. Assurément , personne ne pouvait demander, et personne n’a demandé, en effet, que l’on procédât à ces élections tant que l’in surrection de Paris n’était pas réprimée. Personne, aujourd’hui, ne peut contester que ces élections ne doivent être faites aussitôt que les causes de l’a journement auront disparu. Plus de cent sièges sont actu ellement vacants par option, démission ou mort, et nul n’a intérêt à lais ser ainsi une partie de nos départements sans le nombre de représentants auxquels ils ont droit. Il a fallu des raisons de force majeure pour qu’une telle situation se soit prolongée aussi longtemps. Les élections doivent donc être faites le plus tôt possible. Toutefois se place ici une réserve sur laquelle, ce nous semble, aucun dissentiment ne peut davan tage s’élever. Il importe de ne faire ces élections que quand le trouble jeté dans les esprits par l’échec que faisait au droit l’insurrection trop longtemps résistante de Paris aura été dissipé, quand partout sera rétabli le sens du gouvernement régulier. C’est l’affaire de peu de jours. Mais il est capital qu’on ne rencontre pas, lors des élections politiques, ce malaise général qui a si gravement compromis le résultat des élections municipales, et qui a produit partout cette abstention plus dangereuse peut-être encore que les mauvais votes. Nous le répétons, nous ne croyons pas qu’il puisse y avoir sur tous ces points la moindre contrariété de vues entre les di verses parties de la Chambre. La fixation prochaine des élections complémen taires appelle nécessairement la solution d’une au tre question, celle de la vérification des élections des princes d’Orléans. Nous n’ignorons pas que cer taines combinaisons de parti se sont produites au tour de cette question. Etrangers à ces combinaisons, nous ne voyons là qu’une question d’honneur. Nous avons toujours été les adversaires résolus des lois de bannissement. Sous l’Empire, quand la question a été posée à propos de la lettre écrite alors par M. le comte de Paris, nous avons protesté contre le maintien de ces lois. Nous sommes de ceux qui ne changent pas d’opinion suivant les régimes. Et ce n’est pas sous une république que nous serions moins libéraux que sous l’e mpire....