Extrait du journal

le fut naguère à nous-même. Vie esthéti que et théâtrale, vie intime et familiale, durant dix ou quinze ans nous l'avons partagée en ami, plus encore : en frère. L'esprit et le sentiment de notre art, l'idée et la beauté de la musique, ses chefs-d'œuvre, tout nous était commun. Nous avions la même foi, le même culte et les mêmes dieux. Anciens et chers souvenirs ! Carlyle a dit une belle pa role : « Tout ce qui va profond est chant, » Par la voix de Jean de Reszké, pour nous, en nous, tout cela jadis a chante. Et voici qu'aujourd'hui, ne fut-ce que par une note, un accent de cette meme voix, tout cela, si lointain e. pourtant si proche, de nouveau et nous enchante, et nous attendrit. Nous tous, en vérité, musiciens de France, nous devons beaucoup au grand artiste polonais. Il nous a donné le meilleur de lui-même : sa jeunesse, son talent et jus qu a son fils, qui, le premier des enfants ctè sa patrie, voulut combattre et mourir pour la nôtre. Et voici que, jusqu'à la "Ml a résolu de demeurer parmi nous e„ de nous servir encore. Remercions-le donc, et de tout notre cœur. Camille Bellaigue...