Extrait du journal
Gros bêta, va me dire Salysette, vous avez donc l'intention de réformer la société ? Mais non, répondrai-je,- charmante amie, pas le moins du inonde ! Mais puisque les Pari siennes, avec sagesse, m'ont autorisé, l'autre jour, à gémir sur les gens qui ne s'habillent plus pour sortir le soir,' elles me sauront .gré peut être, aujourd'hui, de parler sans indulgence des gens qui se tiennent mal à table. Que la mode vienne de Panama ou de Gibral tar, peu importe, c'est une vilaine mode! Elle est antifrançaise ! Il ne faut pas .qu'on la tolère dans les familles. Il faut déplorer qu'elle s'étale, s'implante et triomphe dans les lieux publics. C'est à qui, avant les asperges, mettra les coudes sur la table. Avant les asperges... que dis-je ? Avant les hors-d'œuvre ! Je connais des jeunes filles très bien qui se jugeraient déshonorées, ou presque, si elles se tenaient au Café de Paris comme dans la salle a manger de leur maman. C'est la mode! vous dis-je. On s'installe, le nègre passe, la musique joue, le sommelier rou coule; mais avant même d'avoir le temps de se poudrer un peu le nez... vlan ! 011 a les coudes sur la.table! C'est très moderne, ça fait très bien, ça donne de l'assiette par-dessus l'assiette. Les jeunes garçons en font autant, les vieux messieurs aussi, les vieilles dames s'y mettent ; et, comme on ne peut pas tout de même se cha touiller tout le temps le menton, on allume une cigarette... Regardez, réfléchissez, souvenez-vous des dernières vacances... En avez-vous vu,"au casino de Troutrou-sur-Mer, et même au château des Rocailles, en avons-nous vu des coudes sur la table!... Un coude par-ci, un coude par-1à... Deux coudes à gauche, deux coudes à droite1... Des coudes partout ! Je connais des gens extraordinairement distin gués qui ne peuvent plus prendre un cocktail convenablement, et des enfants qui les imitent bien avant l'âge des cocktails. De grâce, mesdames, réagissez !...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
En savoir plus Données de classification - hymans
- theunis
- mac donald
- léon blum
- jonhaux
- armand villette
- kahl
- arthur meyer
- a.tion
- maton
- paris
- france
- londres
- géorgie
- bruxelles
- angleterre
- belgique
- bruges
- luxembourg
- alsace
- c. g. t.
- académie française
- jeux olympiques
- bourse du travail
- c. g.
- cercle des échecs
- drouot
- la république
- parlement
- foire du lendit