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Le Gaulois, 5 octobre 1896

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Le Gaulois
5 octobre 1896


Extrait du journal

Nous étions en cantonnement dans le village de On sait ce qu'est la vie d'un officier dans la ligne le matin, l'exercice, le manège puis le dîner chez le commandant du régiment ou bien au restaurant; le soir, le punch et les cartes. A il n'y avait pas une maison qui reçût, pas 1 une demoiselle à marier. Nous passions notre temps les uns chez les autres, et, dans nos réunions, on ne voyait que nos uniformes. Il y avait pourtant dans notre petite société un homme qui n'était pas militaire. On pouvait lui donner environ trente-cinq ans aussi nous le regardions comme un vieillard. Parmi nous, son expérience lui donnait une importance considérable en outre, sa taciturnité, son caractère al- 1 tier et difficile, son ton sarcastique faisaient une grande impression sur nous autres jeunes gens. Je ne sais quel mystère semblait entourer sa destinée. li paraissait être Russe,mais il avait un nom étranger. Autrefois, il avait servi dans un régiment do hussards et même y avait fait figure tout à coup, donnant sa démission, on ne savait pour quel motif, il s'était établi dans un pauvre village où il vivait très mal tout en faisant grande dépense. Il sortait toujours à pied avec une vieilte redingote noire, et cependant tenait table ouverte pour tous les omciers de notre régiment. A la vérité, son dîner ne se composait que de deux où trois plats apprêtés par un soldat réformé, mais le Champagne y coulait par torrents. Personne ne savait sa fortune, sa condition, et personne n'osait le questionner à cet égard. On trouvait chez lui des livres des livres militaires surtout et aussi des romans. Il les donnait volontiers à lire et ne les redemandait jamais par contre, il ne rendait jamais ceux qu'on lui avait prêtés. Sa grande occupationétait de tirer le pistolet les murs de sa chambre, criblés de balles, ressemblaient à des rayons de miel....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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Données de classification
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