Extrait du journal

très confiants en l'accoutumance qu'ils établis sent, et pour finir, c'est le courrier de la Salpê trière ou de Saint-Lazare qui arrive à la maison ; c'est le complaisant moniteur des mœurs les plus dégradées, les plus infâmes. Il est des matins, où, s'ils savaient lire, eux-mêmes ils rougiraient, les parents pauvres que nous avons au jardin d'Acclimatation. Visions, documentées et com mentées, de mauvais lieu, d'ignoble police, de repoussantes cliniques, de turpitudes odieuses, de cyniques aberrations, renvoyées non par la fantaisie d'un écrivain ou d'un scribe, mais par l'existence même. Et qu'on dise ce que l'on vou dra, l'existence pour être acceptée, surmontée, possible seulement, a besoin de s'offrir sous d'autres aspects. De l'opinion que les femmes se font d'elle dé pend ce qu'elle nous sera ; de la qualité de leur imagination, de la culture de leur capacité senti mentale et de l'application qu'elles en font, dé pend le meilleur de nous, et ce qui les diminue nous atteint. A ce point de vue, le sage, un peu égoïste comme il convient, ne voit pas sans appréhension cette installation en maître du fait divers au foyer, dans l'oisiveté sur la chaise longue ou dans la vague rêverie. L'influence des infiniment petits sur ces choses est considérable, et celle du fait divers toujours répété, enfonçant sans qu'il y pa rais'se son aiguillon, étendant son poison, tout à fait déterminante. Il a une influence morale di recte. Il en a même une physique. Je n'y insisterai point. Elle apparaît dans les statistiques, et à travers les faits divers eux mêmes, effrayant miroir qui métamorphose les images en réalités, fleuve atroce qui charrie, dépose, et puis pendant la nuit féconde les boues....