Extrait du journal

Un sujet de roman ou de comédie où figure un roi offre à l'écrivain une possibilité d'évasion, de liberté. Un roi est ¡un personnage qui peut tout faire et, .par conséquent, auquel on peut tout faire faire. S'il permet, comme l'ont vu" de préférence nos classiques, d'étudier des conflits où les-lois du devoir ont le premier rôle, il permet aussi, et le théâtre romantique en contient de nombreux exemples, l'invention de situations chimériqueâ et excessives,- où 9es rois sont souvent des monstres ou des pantins. Rien n'est plus docile, pour un écrivain, qu'un prince. Les écrivains abusent parfois de cette docilité. Mais les événements extraordinaires qui se sont si fréquemment produits dans la vie des rois véritables ont encouragé les-poètes à inventer sans parcimonie des situations plus extraordinaires encore, puisqu'ils étaient certains de trouver, dans l'histoire, leur référence et leur justification. !Les rois plaisent surtout aux poètes et aux moralistes, aux écrivains qui préfèrent, à l'étude des individus, celle des symboles et des caractères. 'Les rois pullulent dans l'œuvre de Shakespeare mais il y en a beaucoup aussi dans celle de Voltaire. Par contre, dans l'œuvre de Balzac, il n'y a guère de rois Stendhal se contente des ducs de Parme, et Flaubert maintient la cloison fort étanche entre Hérode et Mme Bovary....