Extrait du journal

En général, on n'aime guère que les journaux qui disent ce que Ton pense. Moi, j'aime beaucoup les De&<~s, quoique je pense rarement ce qu'ils disent. Si je savoure et si je découpe, pour des dossiers infiniment plus sérieux que ceux de Numa Gilly, les grands et beaux articles de Paul Leroy-Beaulieu, nourris de faits, pleins d'aperçus intéressants; si je m'imbibe avec délices des causeries scientiû ques de mon ami de Par ville et des petits entrefilets anonymes où sont infatigablement dénoncés les imbécillités des laïcisateurs et des gaspilleurs du Conseil municipal et de la Chambre, je contemple avec une pitié attendrie les efforts de leurs confrères, écrivains politiques modérés, qui s'épuisent à vouloir sans cesse marier la république avec le bon sens, et qui ressemblent à ce personnage de la légende anglaise, gravement occupé à combattre la mer et à la contenir avec une fourche. Je ne suis pas un modéré, ô Dieu t non. Pendant des années, les modérés m'ont mis en rage, parce que ie les voyais s'interposer entre ce pays-ci et le seul régime qui puisse lui permettre de vivre la monarchie, et parce que je sentais que, derrière le rideau de leur honorabilité et de leurs illusions, la république se glissait en France....