Extrait du journal
M. Méline est satisfait ; on le serait à moins, tout réussit à cet homme heureux et la Fortune qui, depuis tant d'années, nous traite avec indif férence se détourne pour lui sourire. Il fut président de la Chambre, le voilà prési dent du conseil des ministres ; il demain président de la république, si le poste était va cant. Il arrive à l'heure et rencontre juste à point une majorité qui l'oblige à se croiser les bras, ce qui est, à tout prendre, la plus sûre façon de gouverner une démocratie. Il ne saurait cependant se contenter jusqu'au terme de sa carrière du rôle un peu terne que les circonstances lui ont imposé ; îl a du bon vou loir, un contingent suffisant d'idées raisonna bles, la passion de bien faire et le sincère désir de créer dans la république un régime que tous les braves gens puissent accepter. Ce qu'il fut en d'autres temps, je l'ignore et ne teux point le rechercher ; sans doute, il dut coo pérer à de mauvaises besognes, s'associer à de fâcheuses entreprises, mais tous les fondateurs Ont eu des commencements plus ou moins sus pects, et M. Méline ne fut ni meilleur ni pire que les radicaux, opportunistes ou centre-gauchers qui détruisaient sous prétexte de reconstruire et dont il faisait son habituelle société. A l'heure actuelle, il se dégage de ses origines, et, monté jusqu'au faîte, il aspire à s'y main tenir. ; Quand il servait dans les rangs de ce que l'on appelait la concentration républicaine, il a semé l'ivraie, mais aujourd'hui qu'il s'est installé dans l'histoire de France, il voudrait voir lever le bon grain ; il s'y emploie le plus honnêtement du jnonde; et la moisson.qu'il nous promet est pour satisfaire les plus difficiles. Je souhaite qu'il mène à bonne fin le pro gramme qu'il s'est tracé ;la république nouvelle qu'il nous annonce est, en effet, de celles où l'on peut vivre sans gloire, mais aussi sans grand tracas, et l'expérience que nous avons faite d'un autre système, nous doit rendre particulièrement accommodants. Je conserve, toutefois, quelques appréhensions, Bon que je me défie de M. Méline, qui est un honnête homme ou, mieux encore, un homme avisé, mais, en même temps que le but, je perçois l'obstacle, le fossé qu'il ala volonté, qu'il n'aura peut-être pas la force de franchir. * * *...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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