Extrait du journal

Cher Stendhal l De combien d'entre nous ne fut-il pas le fidèle,- l'indispensable compagnon de route Suis-je une fois parti pour me promener en France ou en Italie sans lui demander de bien vouloir me montrer le chemin ? Savait-il, quand il entassait dans son bagage des livres dont il ne manquait jamais de se pourvoir copieusement, que, cent ans plus tard, la plupart des Français lettrés ne consentiraient point y visiter sans lui ncn seulement son Italie bien-aimée, mais une France pour laquelle, n'ayant pas à lui faire des déclarations d'amant à maîtresse, il se contentait d'éprouver un amour où 3a clairvoyance l'emportait sur la ferJ'ai longtemps préféré aux Mémoires 'i'nm Touriste les Promenades dans Rome ou Rome, Naples et Florence. Je crois qu'aujourd'hui mon goût a changé. Il y a, dans Les Mémoires d'un Touriste, un ton si libre, si varié, tant d'intelligence et de malice Quel livre donne de la France, dans la première moitié du siècle dernier, un portrait aussi vivant, aussi vrai ? Vérité truquée, comme i toujours, chez Stendhal, mais non point faussée....