Extrait du journal

Il était midi. Nous déjeunions dehors, sous une treille dont les grappes déjà blondes devaient nous servir de dessert, lorsqu'un paysan passa et nous jeta ces mots: « L'Empereur est pris 1 » Et avant que nous eussions pu lui demander comment il le savait, il avait disparu, courant pieds nus sur la route poudreuse et blanche. « C'est un fou, dis-je à mon amphytrion. II est mathématiquement impossible qu'il sache ici ce <~ue je ne savais pas ce matin en partant. » D'ailleurs, les nouvelles du théâtre de la guerre ne laissaient prévoir aucun désastre. Nous avions été battus au début, c'était vrai. Mais nous savions que Bazaine, «notre glorieux Bazaine a, comme disait Jules Favre, tenait bon à Metz et que Mac-Mahon marchait pour le rejoindre à la tête d'une nouvelle armée....