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Le Gaulois, 8 juillet 1928

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Le Gaulois
8 juillet 1928


Extrait du journal

Dans tes airs Jamais je n'avais quitté la terre de plus d'un mètre. Pas même. Et, quand en rêve, on la quitte, dans une sorte de lévitation, pour glisser dans l'espace,-ce n'est que de quelques centimètres aussi. J'en étais là, quand je reçois une fort aimable invitation du Figaro de venir par avion déjeuner à Strasbourg, dans la compagnie de ce maître de l'air qu'est le général Duval et de quelques collaborateurs de choix. Un brin d'émotion c'est loin,.les airs. Je regarde le ciel bleu. Ceux qui, les premiers, virent des chars traînés imprudemment sur le sol, ou des coques de bois s'aventurer sur la mer, durent éprouver une pareille impression l'inquiétude de ne pas revenir, et l'on pose un regard plus caressant sur les êtres et les choses. Evidemment. Mais, dans le jeu des occasions quotidiennes, l'on ne sait jamais non plus si l'on reviendra et, chaque fois que je me retrouve devant ma porte, j'admire d'y être arrivés. Alors, entre les bras d'un fauteuil, je m'envole dans un grand bruit et m'élève au-dessus des hommes, des arbres et des monts. « Ainsi quand l'aigle du tonnerre enlevait Ganymède aux cieux. » Tiens, la terre. On a pris de la hautteur en ne s'en apercevant pas, comme en un geste habituel. Il paraît que nous en sommes à quinze cents mètres. Non, vraiment ? On se sent si près encore d'elle qu'à peine l'on éprouve l'approche du ciel. Avec la diversité successive de tous ses verts et de tous ses roux, la campagne à nous se propose presque immédiate. Mais l'on n'y découvre ni un homme ni une voiture en descendant ne trouverons-nous plus qu'une planète vide ? Maintenant elle apparaît ainsi qu'un plan d'architecte, sans beaucoup de poésie, un plan au vingtième, où toutes les lignes se combinent et s'organisent, encore qu'il ne s'y propose jamais d'angle et que dans la nature toute ligne soit courbe. Oui, un plan, une série de plans et non de paysages. Sans doute faut-il, pour que nous jouissions d'un paysage, plus de'contact ou moins de précision ici, la sensualité du peintre est dominée par la raison de l'architecte. Entre les champs et entre les ;villages, les chemins, minces filets d'or clair, s'insinuent ou se tortillent et, plus ondoyantes et plus subtiles, en leur blancheur glauque, les rivières glissent on dirait des hommes et des femmes. Et les forêts font de grands noirs avec les têtes sombres de leurs innombrables arbres, scarabées sombres qui ressemblent à une foule humaine massée pour un spectacle et, d'autres fois, les arbres des forêts ne sont plus que des touffes d'herbe....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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