Extrait du journal
te pour désapprouver aujourd’hui la pensée qui a fait conclure ces traités ? Nous ne le pensons pas. C’était pour nous un devoir, nous dirons mieux , c’était une nécessité d’arriver à la pacification de l’Algérie par des moyens avoués par l’humanité. 11 était d’une bonne politique pour la France, après avoir vaincu par lus armes les tri bus sur lesquelles elle voulait régner, de se les attacher par des ac tes où les concessions faites à Abd-el-Kader n’étaient, après tout, que de la justice. Durant cette première période de sa domination, la France ne pouvait se lancer dans des entreprises aventureuses qui eussent effrayé les économistes de la chambre. Conquérir pied à pied l’Afrique en s’y consolidant; renoncer aux excursions loin taines, mais devenir inexpugnable dans les régions où elle s était avancée, telle devait être sa politique perdant les premières années de la guerre. La mauvaise foi des tribus avec lesquelles nous avions contracté a démontre par la suite au gouvernement la nécessité de frapper de grands coups, et d’effrayer, par un déploiement consi dérable de forces militaires, ces populations remuantes que les bons procédés ne touchent pas ; mais est-ce à dire pour cela que nous n avion s pas dû user d’abord de beaucoup de modération et de beaucoup de menagemens dans une entreprise de la nature de eelle-ci, où nous n’avions pour diriger nos mouvemens ni règle à sui vre, ni précédens à invoquer? Il faut en convenir, la conquête définitive de l’Algérie n’a été un fait possible que du jour où le gouvernement a pu placer à la tête de nos possessions un homme agissant librement, presque on de hors de tout contrôle, et demeurant maître d’appliquer, suivant les circonstances, tel régime qui lui conviendra, sauf toutefois la res ponsabilité ultérieure qui pèse sur cet homme, au moment où il quitte les fonctions dont il est revêtu. Etendre d’abord aussi large ment que possible les limites dans lesquelles doit se mouvoir l’au torité du gouverneur-général de l’Algérie ; puis, appeler ensuite à ces fonctions un chef militaire distingué qui soit en même temps un administrateur habile : voici les deux nécessités dont les ministres de la Franco, quels qu’ils fussent, devaient se pénétrer, et qu’ils ont fini par comprendre, en plaçant le maréchal Bugeaud à la tête de notre colonie, revêtu d’une autorité presque souveraine, disposant d’une armée nombreuse et d’un budget considérable. L’expérience seule a pu faire resplendir peu à peu cette double vérité aux yeux de nos hommes d’Etat : on doit leur rendre cette justice que, du moment où ils l’ont entrevue, ils n’ont pas balancé à en poursuivre la réalisation; et ce sera, assurément, leur premier titre à la recon naissance du pays, que d’être entrés les premiers dans cette voie prompte et large de l’organisation militaire et civile de l’Algérie; que d’avoir décidé la chambre à voter les crédits nécessaires pour y arriver, en mettant à la disposition du maréchal Bugeaud les hommes et le crédit de la France. Malgré les dernières tentatives d’Abd-el-Kauer pour inquiéter l’autorité française, la pacification de l’Algérie est désormais un fait accompli. Nous n’entendons pas dire pour cela que des rébel lions isolées ne se produiront plus parmi les tribus arabes, que no tre armée doive cesser de faire un service actif et que nos colons n’aient rien à craindre de la perfidie des indigènes ! Non, les résis tances de toutes sortes ne sont pas sur le point de disparaître d’une terre à laquelle nous apportons, avec l’autorité française, une ré génération sociale et religieuse, autorité et régénération qui trou blent des mœurs et des usages si profondément enracinés dans le sol de l’Afrique. Mais ces résistances moràlcs et matérielles, quel ques nombreuses que vous les supposiez, se manifesteront d’une i manière en quelque sorte individuelle, et tout en inquiétant nos l soldats et nos colons, elles expireront devant l’énergie du pouvoir...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
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