Extrait du journal
Pauvre gentilhomme de province, mais déjà connu à l’armée par de brillans faits d’armes, Baradas est venu à la cour occuper un modeste emploi dans la maison royale (1). Par un de ces caprices de cœur au quel il est sujet, Louis XIII s’est attaché spontanément à ce jeune liotnmfc ; il l’a fait en six mois premier écuyer, gentilhomme de la chambre, capitaine de Saint-Germain, lieutenant du roi en Champagne, et le tient auprès de sa personne en si haute faveur que la cour n’en vit ja mais de semblable. Mais le favori a des ennemis nombreux et puissans. Outre l’envie què doit soulever sa fortune bizarre, son caractère seul suffirait pour susci ter l’inimitié autour de lui. Insouciant de plaire, il n’a point inféodé ses opinions et ses idées à celles de son maître, il n’a jamais que son hu meur à lui, et en laisse voir les mouvemeiu très variables ; s’il est triste et soucieux, il se montre ainsi, sans chercher à revêtir cette gaîté de convention que les gens de cour impriment sur leur visage, pour éclaircir et rasséréner l’atmosphère où vit le monarque. Peu courtisan pour le prince, il ne peut se décider à l’être pour les grands, et son indépendance d’opinion montre hautement son mépris pour la politique étroite et basse des divers partis, son dégoût pour la vie molle et les amuse me ns puérils de la cour. Appuyé sur sa fortune dn jour et ne songeant point à celle du lendemain , il jette ses sarcasmes sans mesurer la hauteur de ceux qu’ils atteignent, et frappe d’estoc et de taille ces géaris qui ont une massue cachée sous leur manteau do cour. Allier, absolu et froid dans toute relation, il reçoit les dons de la for tune avec une tranquillité si étrange qu'elle semblerait dire que toutè faveur est trop peu pour lui. C’est qu’il y a au fond de sa pensée un secret qui pâlit et déflore tout l’éclat de sa destinée, et au fond do son coeur un sentiment dominant qui le rend insensible à tout bonheur qui ne vient pas de là. Cependant tout lui sourit jusqu’à celle heure. Le roi vient de le rap peler de son gouvernement de Champagne, et plus épris de sa personne que jamais, ne peut se passer de lui une minute et cherche tous les jours dans sa tendresse aveugle quelque grâce de plus à lui accorder. On a étalé sur la vaste table de la salle du chapitre les chantres déli vrées au monastère de Saint-Denis par les divers souverains de France; Chartres dont quelques-unes sont si anciennes, qu’on les voit encore écrites sur ce papier d’Egypte, fait d’écorce d’arbre, dont on se servait aux premiers temps de la monarchie et dont le concours extraordinaire atteste U persévérante piété de tous ces rois, dont le premier acte, en arrivant au trône, est d’offrir la couronne de leur sacre au trésor de Saint-Denis, pour montrer que leur puissance même est tributaire de...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
En savoir plus Données de classification - de castellane
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