Extrait du journal
INDE. RAPPORT FAIT AU PARLEMENT D’ANGLETERRE sur les sacrijices volontaires de veuves dans les possessions anglaises de l'Inde. Il a été publié depuis peu à Londres, par ordre de la chambre des communes, un document intéressant sur les veuves immolées par la superstition dans les possessions anglaises de l’Inde. Depuis i8ai, le parlement britannique s’est fait donner à plusieurs reprises des rensei gnements sur cet objet. Il en résulte que cet horrible usage semble commencer à diminuer, quoique l’intervention européenne ait encore eu fort peu d’effet; que dans quelques provinces, il a entièrement cessé; et que sa pratique la plus fréquente est renfermée dans un petit nombre de contrées où les brachmanes semblent avoir mis des soins particuliers à prolonger le règne de cet abominable fanatisme. Le gouvernement a établi que non seulement nul sacrifice de ce genre ne pourrait avoir lieu sans le consentement des autorités anglaises, mais eacore que ces autorités doivent y assister jusqu’à ce qu’il soit entière ment consommé. On voit facilement le motif d’humanité qui a déterminé celte mesure , 1 espoir de faire tourner au profit des victimes quelques circonstances favorables, quelques mouvements de repentir ou de pi tié, quelque défaut dans les formalités. Mais comme les résultats ont fort peu répondu à l’intention, il se trouve beaucoup de censeurs du rôle que les fonctionnaires européens sont obligés de remplir dans ces circonstances. On trouve quelque chose d’odieux dans cette sorte d’au torisation et de garantie donnée par le gouvernement anglais à ces ac tes de foiy qu’il recommande à ses agents de ne point troubler tant qu’ils seront accomplis selon les formes. Le respect pour la loi religieuse des peuples soumis n’est pas même une raison qu’on puisse alléguer à cet égard. Le suicide des veuves de I Iode n est nullement une loi formelle, impérative, de leur religion ; il paraît démontré que si la ferveur du zèle dévot le permet et le con seille, du moins le dogme ne l’enseigne et ne l’exige point, et que le préjugé qui voue à l’infamie celles qui renoncent aux honneurs du bû cher après les avoir acceptés n’est point une doctrine réellement ortho doxe. 11 ne s agit proprement que d’une grâce surabondante d’enthou siasme et de charité. « La femme qui se fait brûler avec le cadavre de • son mari, disent les sages du pays, de même que le chasseur de ser ments saisit sa proie et la tire hors de son repaire , entraîne de vive • force son époux vers le ciel, le purifie de ses péchés, et gagne pour • tous deux l’éternelle félicité.. (Vjira.) Une preuve que cet usa»e est plutôt facultatif qu’obligatoire, c’est qu’il serait impossible de le con cilier avec les préceptes par lesquels le législateur sacré de l’Inde, Me nou, impose aux veuves un autre dévouement, plus difficile sans doute, mais plus digne d’être du moins entrepris. « Que la veuve , ditil, mortifie son corps en vivant volontairement de simples fleurs, de • racines et de fruits; que dès l’instant où son seigneur a cessé de vivre • elle ne se permette de prononcer jamais le nom d'un autre homme ; • que jusqu’à la mort elle passe ses jours dans l’oubli de toutes les •injures, l’accomplissement dee devoirs pénibles, l’éloignement de • toutes les jouissances des sens , et en pratiquant avec joie les incom» parablesrègles de vertu qu’ont suivies les femmes fidèles et dévouées • à un seul époux. • Mais une preuve de fait encore plus convaincante, c’est la conduite...
À propos
Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.
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