Extrait du journal

LITTÉRATURE. REVUE LITTÉRAIRE. Manuscrit de ic>o5, par Gabriel Fictor. — Les autres Tartufes, par M. Gosse. — L’Académie , satire , par M. S. G. Deux de ces ouvrages ont paru; le troisième va pa raître. Ce troisième lui-même n’est pas entièrement inédit, et quelques fragments connus du Manuscrit de 1905 sont d’un favorable augure pour son succès. L’au teur, par une idée bizarre et ingénieuse à la fois, suppose I que nos illustres contemporains , figurés eu cire, compo seront dans le siècle prochain une galerie que nos neveux viendront visiter. Le petit-fils du fameux Curlius montre ces portraits; et il a réuni des notes explicatives, espèces de commentaires sur ses héros. C’est cette impartiale biographie qui nous est présentée ici par une fiction. Nous disons que quelques unes de ces pages de piquants mémoires ont déjà été lues. Une feuille littéraire, rédigée avec probité et talent, la Pandore, les avait recueillies ; '•elles y avaient été remarquées. Mais exposé à dire des vérités qu’un journal 11e supporte pas toujours , obligé de tracer des portraits trop fidèles pour ne pas toucher à quelques susceptibilités, l’auteur a sagement fait d’en prendre la responsabilité tout entière. La franchise de l’écrit, le plaisir des lecteurs, la réputation de l’écrivain y gagneront. Voici un des fragments tout-a-fait nouveaux. Le per sonnage décrit est la Charte, figute contemporaine et immortelle, personnification hardie, et qui se trouve, dans la galerie de Curtius, rangée près de que’ques au tres d’un genre pareil, telles que l’Académie, la Liberté, le Jésuitisme, le Peuple : • « Le socle que surmonte cette statue est partout écorné; il porte la marque des coups nombreux que les partisans du pouvoir absolu donnèrent à cette base de la Charte dans l’espoir de la renverser. Le piédestal a une inclinaison visible de gauche à droite ; nous ne savons pourquoi l’architecte est sorti dans cette circonstance des règles de l’aplomb. Sur les faces du socle sont gravées les dates : 1814, mars i8i5, juin 1821, octobre 1827, avril 1829 , et septembre i833. | » La tête de la statue est d’une expression mélancolique ; elle est assez belle d’ailleurs. Les proportions de la figure sont un peu mes quines, et il semble qu elles auraient dù être grandioses. Une étrange difformité dépare l’élégance des contours de cette Vénus politique : l'artiste a donné à toute la partie droite de cette académie un développeinent considérable, et 1 on dirait d’un corps humain dont un côté aurait pris de l’embonpoint aux dépens de l’autre. y> Au-dessus du niveau du sol se voit un tronc île chêne, emblème de la force et de* la confiance populaire : c’est sur ce tronc que la Charte chercha un point d’appui ; mais il se brise, et sous la main qu’elle tend pour s’assurer du support dont elle a besoin, elle ne trouve qu'un tournesol flexible, emblème des courtisans. » La coi il ure de la Charte lient de l’antique et du gothique; une couronne de lis et de grenadier orne sa chevelure crêpée d’un côté 4 la maréchale, et de 1 autre bouclée comme celle des dames romaines, Sa tunique est drapée avec simplicité à gauche ; à droite die est relevée par un panier. Un grand manteau lui descend des épaules...