Extrait du journal

baissés. Elle était plus grande et plus forte que Suzanne, mais elle avait dans scs mouvements quelque chose de son charme. La légèreté, la grâce, la distinc tion avec lesquelles ses petits pieds se mouvaient en dansant me rappelaient aussi Suzanne, et mes yeux s’attachèrent inconsciemment à cc couple. J’ai la vue basse. De plue la jeune femme, en posant son bras sur l’épaule de l’heureux Martinez, me dérobait ainsi une partie de son visage. Je ne voyais donc d’elle qu’un front haut, pur, tel qu’une seule personne en ce ce monde pouvait en avoir un, et une boucle de che veux qui, s’échappant de sa coiffure, flot tait sur ses épaules blanches et rondes. Je me sentis chanceler. Il n’était pas possible que ce fût Suzanne, cetto grande, élégante et fine personne ! Tourmenté par la jalousie, je résolus de lie plus les quitter des yeux jusqu’à ce qu’ils revinssent près de moi. Quand ils y furent, la jeune femme lova par hasard ses yupx souriants, son regard rencontra le mien, une rougeur subite se répandit sur son visage et sur tout ce qu’on voyait do ses épaules... C’était Suzanne 1 Les deux années pendant lesquelles nous avions été séparés l’un de l’autre l’avaient morvoilleumcnt développée. La frêle jeune fille de dix-sept ans était devenue une femme, une femme éclatante de force et de beauté. Les deux danseurs, arrivés au fond do la salle, s’y assirent près du groupe des dames âgées. Je compris qu’ils commençaient seule ment la dernière grande danse du bal, le cotillon, que l’on varie en général par un grand nombre de figures de toute espô co. Pour être devenu lo cavalier de Suzanne au cotillon, il fallait, vensat-je, que Mar...