PRÉCÉDENT

Le Globe, 28 juillet 1845

SUIVANT

URL invalide

Le Globe
28 juillet 1845


Extrait du journal

Horreur ! s’écrient les feuilles religieuses avec une indigna tion nouvelle. Joseph Leu s’est donne* la mort ! lui ! un homme si sincèrement religieux! Mais qu est-ce donc oui peut vous suggérer une supposition si abominable? —Joseph Leu, répon dent les feuilles radicales, était tourmenté par sa conscience, pour avoir prêté aux jésuites un appui qui était devenu, entre leurs mains, une arme contre le bonheur et contre les vrais intérêts de la Suisse. Il n’a nu supporter le poids de l’indignation et du mé pris que sa conduite illibérale lui inspirait à lui-même, et il s’est tué. C’est le remords qui a chargé la carabine. Ainsi se renvoient à pleines mains l’injure et l’outrage, sans attendre de pouvoir s'appuyer sur autre chose que des conci toyens, les partis intéressés à exploiter d’une façon quelconque la mort de Joseph Leu. Au milieu de toutes les atroces accusations qui pleuvent de droite et de gauche en cette pénible conjoncture, il en est une que nous sommes quelque peu surpris, connaissant la bonne foi et la modération des partis extrêmes, de n’avoir point entendu articuler encore : c’est celle qui consisterait à dire que Joseph Leu est mort purement et simplement de la main des jésuites, charmés de se débarrasser d’un instrument dont ils avaient tiré tous les avantages possibles, et qui désormais ne pouvait que les embarrasser. Comment le Constitutionnel n’a-t-il pas eu celte excellente idée contre les jésuites? Qui sait? avec l’es prit qu’on lui connaît, avec l’imagination dont il a si sou vent donné des preuves, le Constitutionnel aurait pu broder encore ce thème, et insinuer que les jésuites avaient tué leur ami, malgré tout l’amour qu’ils lui portaient et toute la recon naissance due à ses services, afin de pouvoir rejeter le crime sur le parli libéral et rallumer plus violemment ainsi la guerre ci vile. Celte hypothèse est d’un si profond machiavélisme, et en même temps d’une absurdité si révoltante, que nous serions bien étonnés de ne la point rencontrer très prochainement dans les colonnes du Constitutionnel. Vraiment, les journaux français et suisses devraient rougir de leur langage, dont s’indignent à la fois la justice, l’humanité et le bon sens. Quant à nous, nous ne nous mêlerons point à celle guerre de déplorables récriminations et d’horribles invectives. Nous n’attiserons pas un feu que nous voudrions, au contraire, pouvoir éteindre. Avant de nous prononcer sur le tragique évé nement dont tous les nobles cœurs s’affligent, nous attendrons loyalement que le mystère en soit éclairci....

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

En savoir plus
Données de classification
  • lubis
  • de genoude
  • martin
  • de comberousse
  • grandet
  • albert
  • de belle-isle
  • thénard
  • etranger
  • lajariette
  • victor
  • france
  • paris
  • suisse
  • strasbourg
  • verrière
  • félix
  • vaudeville
  • cia