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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 12 juillet 1883

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
12 juillet 1883


Extrait du journal

lie# niMuii<‘«tntion«* anarehiateg Une réunion convoquée pour protester contre le jugement qui a frappa Louise Mi chel a eu lieu avant-hier dans l’après-midi, à Marseille. Une centaine do personnes étaient pré sentes. Après uno discussion fréquemment inter rompue par le bruit, divers ordres du jour ont été déposés. Le Geul qui ait été mis aux voix par le citoyen JDupay, président, est le suivant, qui a été voté par 39 voix : Les socialistes révolutionnaires protestent contre la condamnation de Louise Michel, se dé clarent solidaires et votent contre ce jugement le blâme le plus énergique. Ils s’engagent, en outre, à mettre à mort le jury de la Seine, si jamais ils so trouvent en sa présence {sic!. A ce moment, le tapage redouble et b président lève la séance. Le commissaire de police a dressé pro cès-verbal contre l’auteur de cet ordre du jour. A la suite de cette réunion, les citoyens Fabre, Marius et Dupay, auteurs de l’ordre du jour, ont été amenés au bureau de police du boulevard Mérentié, où procès-verbal a été dressé contre eux. Un assure qu’à la suite de propos proférés publiquement à Oullins, dans une réunion tenue samedi sot, deux orateurs anarchis tes, les nommés Ramé et Thivolier, seraient poursuivis pour excitation au meurtre, au pillage et à l’incendie. Le commissaire de police d’Oullins, qui assistait à la réunion, a été grossière ment insulté par des individus restés in connus. On lit dans le Temps : Les journaux qui ont rendu compte des réunions publiques, dont les orateurs les plus violents sont en ce moment l'objet de poursuites judiciaires, ont été invités par le juge chargé de l’instruction de l'affaire à déposer sur tes faits dont ils ont été les té moins. Nous n’avons rien à dire sur l'initia tive légitimement prise par ce magistrat, qui emploie tous les moyens pour la re cherche de la vérité ; nous ferons seulement observer que les journaux se sont toujours renfermés, en pareil cas, dans le mutisme le plus absolu ; tous racontent ce qu’ils savent, et ceux qui se respectent savent ce qu’ils racontent ; ils ne peuvent faire ni dire plus devant le juge qu’ils n’ont dit et fait devant le public ; il vaudrait tout autant se dispenser de les interroger. Nous ajouterons que, si cette habitude venait à prévaloir, elle interdirait aux jour naux toute espèce de comptes rendus tant par répugnance de paraître usurper, fé.t-ce indirectement, l'œuvre qui appartient, en propre à la police, que pat i impossibilité matérielle où on les mettrait de se monuer dans des réunions où ils seraient désignés aux soupçons, parfois même aux venge e ces du public qui les fréquente. Nous ferons d’ailleurs observer audit public qu’il y a contradiction entre organi ser des réunions où tout le monde peut aller et parler et la prétention de se sous traire aux récits et aux appréciations des journaux. Quoi qu’il en soit, ta situation faite aux journaux n’en est pas moins inacceptable ; si le gouvernement se décide à suivre et à poursuivre les délits commis dans les réu nions publiques, il a pour les constater des agents nombreux dont c’est le métier. La préfecture de police coûte cher ; encore faudrait-il qu’elte servit à quelque chose, et celle qui lui incombe dans l’espèce n’est vraiment pas bien compliquée, puisque la principale préoccupation des orateurs dont il s’agit de réprimer les excès est précisé ment de parler par les fenêtres. Le socialisme révolutionnaire est un cer bère qu’on n’adoucit nullement en lui jetant des gâteaux de rniel. Les intransigeants ne peuvent pas se faire â cette idée et dépensent eur miel en pure perte. Pendant qu’ils s’es timent dans les journaux et à la tribune...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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