Extrait du journal

—11 est arrivé malheur. M. Cendrau est quasi mort. — On l’a assassiné cette nuit. — Quoi ça? Quoi ça dites-vous ? C’est M. Cendrau qui a été assassiné ? — Et nous voilà dans l’embarras pour l’ouvrage ; car, maintenant on ne sait plus si on va le continuer. — C’est la mère Bonhiver qui vient de passer, tout courant, tout essoutlée, elle allait avertir le maire. Elle nous a vu en train de démolir et du plus loin: « Ehl les gars 1 arrêtez-vous l Le moulin n’est pas mort 1 * On s’est arrêté, le camarade et moi sur cette parole. Alors, la vieille a repris: — « Celui qui vous fait travailler est au plus bas, M. Cendrau a reçu, cette nuit, une balle dans le corps, près de la Tour-Perdue » Ayant dit cela, elle a disparu en trottant menu du côté du bourg. Morinier, frappé de stupeur, se fit ré péter le récit. Il haussait les épaules comme s’il n’y croyait point. 11 se consolida en serrant son bâton. — Comment la mère Bonhiver peut-elle savoir ça, si matin !... Je dis pas que c’est elle qu’a fait le coup 1... Les ouvriers haussèrent les épaules, comme à une mauvaise plaisanterie. — Pour sûr, non c’est pas elle 1 — C’est bien plutôt comme elle nous disait, quelque braconnier comme il y en a, qui ne travaillent jamais et ne font que mendier dans le pays....