Extrait du journal

LA vie est dure pour la plupart des Français. Des centaines de milliers de familles sont privées de celui qui les faisait vivre, et qui est mort, ou mutilé, ou prisonnier pour on ne sait combien de temps encore. Des centaines de milliers d’hommes valides et de femmes sont sans travail, parce que des milliers d’entreprises sont dévastées, ou privées de matières premières, ou privées de débouchés, ou situées dans la « zone interdite ». Les prix ont monté plus vite que les salaires, et la vie de ceux-là mêmes qui ont retrouvé un travail normal est souvent difficile. Beaiicoup de vivres font défaut ; le charbon manque. Ceux qui travaillent n’ont guère le temps d’aller piétiner des heures aux portes des boutiques. La misère, la gêne, l’insécurité générale donnent de magnifiques terrains de propagande aux agitateurs. Ceux-ci ne manquent pas, et ne chôment pas. S’il était déjà facile, au cours d’années heureuses et prospères, d’émouvoir les « masses » avec des programmes de revendications, la démagogie doit être d’un rapport bien meilleur encore aujourd’hui....