Extrait du journal

D’autre part, les témoignages directs, personnels, formulés sans contrainte et dans toute leur chaleureuse crudité se font de bouche à bouche. Comment les recevraientils ceux qui demeurent à Dunker que ou à Marseille ? Ils n’ont paentendu la voix frémissante des manifestants ; ils n’ont pas senti en profondeur le drame atroce qui a mis aux prises des hommes absolument désarmés avec une troupe qui avait reçu l’ordre de tirer ; ils n’ont pas vécu l’angoisse de la nuit du 6 et de la matinée du 7, alors que les anciens combattants, tous sans exception, et leurs fils, et leurs proches, témoins des meurtres inexpiables de la veille, disaient froidement : « Ce ooir, nous descendrons en armes, et nous aussi nous tuerons ! »...