Extrait du journal
Les Jacobins fêtent le 14 juillet. On se demande pourquoi. J’entends bien mon brave instituteur — un entre cinquante mille — me tenir le langage suivant : « Le 14 juillet 1789, le peuple, à la nouvelle de la démission de Necker, fut pris d’une sainte colère. Il se rue sur la Bas tille, symbole de l’omnipotence royale, de toutes les tyrannies et de toutes les illégalités. La garni son composée de Suisses se rendit sans défense et les vainqueurs la passèrent au fil de l’épée. Le gou verneur, M. de Launay, eut la tête coupée. La prise de la Bastille ou vrit une ère nouvelle : celle de la Liberté. > J’ai cru longtemps au 14 juillet, marquant la fin de l’ancien régime, et avec lui celle des injustices et des iniquités. J’ai cru aussi à Sedan : l’Empire s’effondrant dans le sang après avoir vécu dans la boue. A toutes ces histoires, mon brave homme d’instituteur croit encore comme si c’était l’Histoire. Dix ans sont écoulées depuis l’époque où dans Blanchet nous apprenions les hauts et glorieux faits des héros du 14 juillet et aujourd’hui, sevré de l’histoire officielle et obligatoire, je me demande pourquoi célébrer comme notre fête nationale, une date qui marque dans nos annales une émeute sauvage, où à combat tre sans péril, les vainqueurs ont triomphé sans gloire. La Bastille n’ayant jamais guère servi qu’à mettre à l’ombre les grands seigneurs du royaume, nous n’apercevons pas la logique de ce bel enthousiasme qui porte le peuple et de soi-disants démocrates à exal ter l’acte de révolutionnaires en qui battait peut-être Pâme de la Révo lution, mais dont l’énergique et pa triotique élan aurait trouvé dans d’autres virilités une dépense plus généreuse et plus noble. Pourquoi un choix si malheureux quand, à une distance de quelques jours, une autre date s’offre que tous peuvent accepter, célébrer et glorifier : celle du 4 août. Point de sang répandu, point de vies inuti lement sacrifiées ; point de scènes d’horreur et de sauvagerie, y ac cord unanime des trois ordres sa crifiant aux vœux populaires les derniers privilèges, une lut*e d’ab négations et de dévouements, et dans une fraternelle confiance, l’ère de la liberté et de l’égalité ouverte à tous et saluée par tous. Dans cette nuit fameuse, dit un confrère parisien, une avidité de justice travaille les orateurs et leurs collègues. Tous veulent faire de tels sacrifices au droit des peuples que les sources de colères sont taries pour toujours. De Noailles, sous le coup d’une émotion facilement communicative, improvise le premier plan du pro gramme qui va être adopté : Ega lité devant l’impôt ; exacte propor tionnalité des charges ; suppression du régime féodal. L’archevêque d’Aix, les évêques de Nancy et de Chartres montent à la tribune, les mains pleines de re...
À propos
Fondé en 1874, Le Journal de Saint-Jean-d’Angély était un bihebdomadaire régional conservateur. En 1877, il devient L’Union conservatrice puis prend le nom d’Union Nationale en 1898 avant de revenir à son nom initial la même année, puis de devenir le Journal de Saint-Jean-d’Angély (L’Union nationale). Il paraît sous ce nom jusqu’en 1941.
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