Extrait du journal

Le petit être qu'on mit à « sécher » sur un radiateur, celui qu'on torture systématiquement sont des cas monstrueux, presque exceptionnels dans ce martyrologe. Ce qui apparaît d'une fréquence singulièrement grave, d'une poignante monotonie oserai-je dire, ce sont les cas de détresse causée par la négligence, l'inconscience, l'abrutissement des parents indignes plus que par une haine vigilante, appliquée à son assouvissement. Leur crime est en quelque sorte passif. Les trois quarts-des cas de détresse enfantine ne sont pas provoqués par les -mauvais traitements. Je cite quelques passages de rapports sur des faits récents : « Les enfants sont mal soignés, dans une pièce sans feu, dans une saleté repoussante, mal vêtbs et mal nourris. Ou encore : « L'enfant fut amenée à la tante par un autre Chinois qui vécut jadis avec la mère et avait trouvé l'enfant, errant seule dans la rue au cours de la nuit. » Et ceci : « Allant rendre visite à sa mère, elle trouva celle-ci complètemment ivre auprès du cadavre du père des enfants; elle s'enivrait d'ailleurs quotidiennement et ne s'occupait pas des enfants qui vivaient de la charité publique. » Variante : « Sa conduite devint mauvaise puis elle fit connaissance d'un jeune homme qui lui proposa de l'épouser, mais exigeait comme condition le départ des enfants (8, 6 et 3 ans); ceux-ci furent depuis ce moment de plus en plus délaissés; un jour, l'un d'eux fut trouvé dormant dans le ruisseau."...