Extrait du journal

J'ai beaucoup pratiqué la vie errante, u large, dans les forêts de Provence et d’ailleurs. Mais jetais seul, ou j’associais une compagne choisie, conforme, une rebelle comme moi, soucieuse de rompre — pour un temps, du moins, — avec les contingences. Nous étions pauvres et il fallait manger. La vie frugale, certes, et la pèche, et les fruits. Et les peaux cuites, les muscles qui jouaient bien, et la joie splendide de notre roi i Lu de. Ce sont des évasions de ce genre qui inagnilient la vie, qui effacent toutes les turpitudes, les servitudes, l'accablant labeur dans les cités puantes. On se décrasse, on se virilise, on oublie ce qui ne lut pas l’aventure. Libre association de deux hères indépendances et course vagabonde, en marge, loin des géhennes, des geôles, îles salaires dérisoires chèrement « gagnés ». Il faut pouvoir, et cette haute liberté ne s’acquiert pas très facilement. 11 va le souci du lendemain, car il faut être très forts pour s'affranchir à jamais. Peu y parviennent, et moimême. après de longs mois de « vie sauvage », je revins souvent, je repris le collier, parce qu il fallait manger et que les liens que l'on croit avoir brisés ne sont pas aisément détruits....