Extrait du journal

Qui écrit ces lignes inquiétantes ? C'est M. Ludovic Frossard, ancien ministre, dont nul ne conteste le sens politique. M. Frossard a été socialiste il a même été communistes il connaît l'état d'esprit de ses anciens compagnons, d'armes le seul fait qu'il puisse envisager l'éventualité de troubles après une, crise ministérielle est grave, car le cabinet Léon Blum est tout de même destiné à conriaitre un jour ou l'autre le sort de tous les cabinets qui l'ont précédé or, l'hypothèse absurde, dans un régime républicain, ce ne serait pas sa chute devant l'une des deux Assemblées parlementaires, mais son maintien au pouvoir après l'expression d'un. vote de défiance. Il est vrai que les socialistels dénient, au Sénat le droit de renverser un ministère, mais les radicaux sont, eux, d'un avis tout différent, et leurs ministres seraient fatalement appelés à démissionner si le gouvernement ,venait à être mis en minorité devant la haute Assemblée. Prêter, à ce moment, au président du conseil l'intention de favoriser une agitation de rues pour reconquérir le pouvoir, ce serait lui faire injure. Teille n'a certainement pas été l'intention de M. Frossard il pense sans doute, tout comme nous, que M. Léon Blum ne peut que désavouer les articles inquiétants d'amis maladroits qui envisagent d'un cœur léger de le maintenir au pouvoir « par tous les moyens Mais, à côté des socialistes, il y a les communistes, -et leur attitude justifie toutes les appréhensions de M. Frossard il semble même qu'ils manoeuvrent depuis un mois avec le secret espoir d'exaspérer les radicaux en vue d'aboutir à une crise dont ils pourraient rejeter sur eux la responsabilité, afin de provoquer du désordre. Et puis, qu'on le veuille ou non, les communistes suivent les or- dres de Moscou. Or, Moscou ne comprend rien à la psy- chologie française, et Moscou peut fort bien être tenté d'obtenir par un coup de. force l'alliance russe et l'intervention en Espagne que les socialistes, les radicaux et les modérés ont jusqu'à maintenant refusées. Et comment prendre au sérieux le désir qu'expriment les communistes de v«>ir une France forte clevant Hitler, quand leurs prétendus appels à l'ordre sont quotidiennement démentis par des excitations au désordre ?...