Extrait du journal

Un beau jour, les partis de droite ont pu constater que s'ils'étaient la minorité en France, bette minorité était considérable, et qu'il lui suffirait du déplacement d'un nombre relativement restreint d'électeurs pour devenir la majorité. De faire du progrès par une propagande loyalement monarchique, il n'y fallait pas compter, puisque chaque jour, au contraire, augmentaient les troupes républicaines. On ne pouvait se tirer d'affaire et essayer le succès qu'en créant une confusion, une équivoque, un immense malentendu. Le problème était celui-ci faire voter des républicains pour la monarchie, et profiter de leur bourde pour tuer la République. C'était assez ingénieux, mais assez difficile. Heureusement on trouva là, sous la main, par un concours de circonstances favorables, un homme aussi dépourvu de préjugés que d'esprit, et capable d'arriver à tout, puisqu'il n'était propre à rien j'ai nommé Boulanger. Il fit l'effet d'un Monk très présentable. Tout le nœud de l'affaire consistait à trouver de vieux républicains qui, moyennant finances, consentiraient à duper les masses. On les trouva. Alors commen• cèrent ces fameuses polémiques dont vous vous souvenez, et dans lesquelles, lorsqu'un républicain honnête combattait le boulangisme, on lui répondait en citant tel et tel nom, et en ajoutant « Vous né pouvez pourtant pas dire que ce ne sont pas là des républicains !» »...