Extrait du journal

Il,, n'est pas possible d'imaginer des ruines plus.minutieuses, une subversion plus totale, un ensemble de désolation plus désojée que le speotacle de ces villages de Fricourt et de Mametz, naguère de,riants villages dans la vallée^ et qui aujourd'hui ne sont plus rien que de la crevassa innommable de pierraille et de ferraille après un tremblement de terre sans plus de pitié que de beauté. L'éruption volcanique a encore sa grandeur, elle laisse des laves qui magnifient la dévastation de la nature,, Les ruines des guerres anciennes avaient aussi leur poésie. Ici, il ne reste rien. Il n'y aurait pas place ici pour un Chateaubriand dans la campagne romaine. ,C'est la, laideur intégrale d'une guerre industrielle où le ravagie n'a pas de compensation. J'ai cherché cftielque part, dans ces décombres où les cimetières même sont bouleversés, des traces de ce qui fut l'église' de Pricourt. Je n'ai retrouvé que les feuillets maculés d'un vieux lutrin de plain-chant grégorien sur des briques sulfurées par l'explosion des obus. Et tout autour, ce qui fut des maisons de paysans, des villas bourgeoises, des rues, des places, ce n'est plus que de la boursouflure de cailloux sur on champ de' pieux ébréchés qui furent dès arbres....