Extrait du journal

Une visite aux cuirassés russes Telle est cette escadre. C'est celle d'une nation qui résolument a décidé de faire pour sa puissance navale tous les sacrifices nécessaires.V Mais pour se rendre compte de la somme de travail et d'abnégation qui s'y .dépense, il faut cesser d'admirer ces vaisseaux de l'extérieur. Il faut les visiter, se mêler à la vie du bord,. s'entretenir avec les chefs responsables, ceux qui donnent l'im- '̃} pulsion constante à cet effort assidu. Ces officiers aux yeux bleus, froids, presque enfantins, ces matelots rieurs, on savait qu'ils étaient capables de conserver devant la mort une impassibilité digne de l'antique. Il est encourageant de le constater à ces qualités traditionnelles du soldat russe s'ajoutent aujourd'hui une méthode et une constance dans l'action qui lui permettent de regarder devant lui avec pleine confiance. Pour ces chefs, le présent n'est que ',le prélude d'un avenir prochain, et la flotte russe actuelle est avant tout un terrain d'instruction pour la flotte russe de demain. Je viens d'avoir l'honneur de m'entretenir' avec l'amiral d'Essen. Cinquante-deux ans à peine, un visage d'énergie et de bonté, orné d'une barbe blonde. De petite taille, énergique et précis dans tous ses gestes, le chef suprême de la flotte de la Baltique, la seule qui nous intéresse immédiatement, an 'a. fait le Rurik le plus gracieux necueiL Introduit auprès de lui par courtoisie de l'attaché naval russe, le capitaine de frégate Dmitrieff, j'ai tout de suite vu 'que j'avais affaire à un homme pour qui les paroles oomptent moins que les actions. Je suis profondément heureux de visiter Brest avec ma flotte, me dit-il. J'y retrouve des camarades estimés, des frères d'armes connus en Crète ou en ExtrêmeOrient.....