Extrait du journal
En Espagne, règne une femme admirable qui a réalisé ce miracle de conquérir; elle étrangère, l'âme du peuple espagnol. On l'aime, on ta respecte, on l'acclame. Elle continue, dans la mêlée des partis, l'œuvre de relèvement et de réparation qu'avait inaugurée le roi Alphonse XII. Il faut se souvenir de l'abîme de ruine et de honte où l'Espagne avait roulé lorsque Don Carlos soulevait les provinces du Nord, que la Commune occupait Carthagène, que la mana negra ravageait l'Andalousie, que touto vie était suspendue, pour savoir ce que ces quinze années de monarchie représentent de bienfaits. Cependant, la révolution fi guette, et il suffit de l'ambition exaspérée d'un Lopez Dominguez ou d'uu Cassola pourla replonger dans les horreurs d'où elle est si brillamment sortie. En Autriche, l'empereur François-Joseph est vénéré de tous ses sujets. Mais ce culte universel ne s'adresse qu'à lui seul. Lorsqu'il auradisparu, il est à prévoir que les conflits de race, chaque jour plus nombreux et plus ardents qui divisent son empire,- se résoudront par une dislocation. Allemands, Hongrois, Tchèques, Slavers, Roumains, Croates se grouperont, suivant leurs affinités, en principautés indépendantes Du peut-être en républiques fédératives. En Angleterre, le loyalisme dynastique se défend mieux, pareeque le génie propre du peuple anglais est inaccessible a la griserie des mots et à la piperie des formules. La, la verroterie révolutionnaire n'éblouit personne. Sa longue pratique de la liberté, son respect inné et orgueilleux de la tradition mettent naturcllement l'Anglais en garde contre les innovations hasardeuses. Il fait de la politique comme il fait le commerce. Avant d'adopter une opinion, il regarde ce qu'il y a dessous, et son infaillible bon sens lui révèle que sous la révolution il n'y a que des bêtises. Cependant ses vieilles institutions craquent et s'émiettent; la Chambre des lords se dépopularise v vue d'oeil, et devra bientôt disparaître le suffrage universel arrive à grands pas et les idées de Bradlaugh font des adeptes. Il y aura bientôt si peu de différence entre la République, telle qu'il peut la concevoir, et sa monarchie, et le pas lui paraîtra si court qu'il pourra bien le franchir....
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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