Extrait du journal

En ne frappant pas les princes en bloc, en ne décrétant pas l'expulsion totale, la République à fait preuve de modération autant que de force. Elle a mis, comme c'était son droit et son devoir les prétendants hors du territoire, puis elle a dit aux autres membres des familles impériale ou royale « Votre sort est entre vos mains s'il vous plaît de rester en France, vous y resterez, à la seule condition de respecter le gouvernement qui vous fait la grâce de sa générosité et de Sa tolérance. Mais vous êtes prévenus à la première menée, à la première intrigue, au premier pétard, vous irez rejoindre le comte de Paris de l'autre côté de la frontière. A vous de choisir Le duc d'Aumalc a choisi. J'admets volontiers qu'on ne peut lui reprocher ni menée, ni intrigues, mais il a pris rang parmi les plus éminents pétardiers. Il a écrit sa lettre au président de la République, sachant quelle réponse y serait faite. Il s'est offert à l'expulsion. Quelques-uns même ont pensé qu'il avait saisi avec empressement l'occasion de sortir d'une situation fausse, et qu'il s'était offert en holocauste à des sentiments de famille. Qu'il le regrette aujourd'hui, c'est possible mais il fallait réfléchir. Les Débats, cherchant les circonstances atténuantes, disent que la lettre du duc d'Aumale au président de la République n'a pas eu le caractère d'une attaque contre les institutions, ni d'une manifestation inconstitutionnelle, qu'elle n'a été que la protestation d'un soldat cruellement blessé dans le scntiment qui lui tenait le plus au cœur. L'excuse n'est pas valable. M. le duc d'Aumale, si ulcéré qu'il fùt, pouvait protester d'un autre ton. C'est un écrivain assez exercé pour qu'on ne puisse pas supposer qu'il s'est mépris sur la portée des termes qu'il employait. L'insolence voulue et hautaine de sa lettre n'était pas tolérablo, et ç'aurait été une marque d'injustifiable faiblesse que de la tolérer....