Extrait du journal

Un jour que Beethoven avait invité tout un cercle d'amis à pendre la crémaillère dans un nouveau logis, comme il taquinait sa cuisinière selon son habitude, la maritorne fit un coup d'État et rendit son tablier. Notre héros n'était pas homme à s'embarrasser pour si peu. Sentant en lui l'étoffe d'un Yatel, il résolut de mettre la main à la pâte. Le voilà donc installé devant les fourneaux : la serviette autour des reins et les manches retroussées jusqu'aux coudes. Enhardi par les facilités du début, il se lance à fond de train, attisant le feu, secouant les marmites et bousculant les casseroles. Ce fut une bataille mémorable ; elle devait se terminer, hélas ! par la plus lamentable déroute. Le dîner préparé par le maître défiait les estomacs les plus robustes : le potage rappelait à s'y méprendre quelque préparation pharmaceutique; le rôti, carbonisé jusqu'au coeur, résistait aux dents les jnieux affilées, le reste était à l'avenant. En voyant la grimace de ses invités, Beethoven dut reconnaître son incompétence culinaire et confesser qu'on n'improvise pas un dîner comme une variation....