Extrait du journal

J’ai cette triste fortune d’accompagner un à un vers le trou noir la plupart de ceux qui m’ont témoigné quelque affection et aidé à supporter la vie. Ils s’en vont brusquement, par d’affreuses issues, este survispour marcher derrièreleurbière elles voir disparaître dans le néant,— hôte assidu des cimetières. Hier, au service du pauvre Maupassant, cadavre vivant depuis dix-huit mois, enfin libéré par la mort, — dans la petite église de Saint-Pierre de Chaillot. si simple et si émouvante, j'ai revu tous ces chers amis et j’ai causé avec eux, comme dans une prière, tandis qu’à travers l’harmonie des orgues, le Dies irœ pleurait sur nos tètes coupables. J’ai revu cet unique homme de bien, mon cher Raimond Deslandes, transfiguré dans l'extase divine, et son doux sourire me conseillait la mansuétude et la bonté. Métra me transporta ensuite sous ces grands arbres de Fontainebleau, où il entendit chanter les faunes et ramassa les roses de sa tombe. Un troisième m’apparut la face inondée de sang, les traits broyés, et il riait et il chantait la scie parisienne de l’an dernier. Tellement il était mutilé,que je ne retrouvais pas son visage, mais je reconnus bien cette voix, cet esprit de moineau franc, — de Gibert....