Extrait du journal

DIJON, 10 AVRIL. Nous sommes, en France, bien peu habitués au drame du gouvernement représentatif. Celte agitation tumultueuse au milieu des chambres; ces fonctionnaires publics qui se succèdent , et suivent la fortune de ministres dont à peine on retient les noms; cette opposition populaire, qui, dans les premiers jours et sous l’influence d’une révolution récente, se montrait sur les places publiques, et qui, aujourd'hui calme et résignée, proteste par des signatures ; ces menaces lancées du haut de la tribune, et délayées dans les circulaires ministérielles i tout nous étonne, tout nous irrite. Sans doute nous n’avons pas encore obtenu ce que nous avions conqui par un courage sublime et d’héroïques efforts. Ou nous a marchandé , on nous marchande chaque jour le peu de liberté qu’on veut bien nous concéder ; mais dans une monarchie représentative, où un roi doit régner, et ne pas gouverner, tout est soumis à l’influence du gouvernement, c’est-à-dire du ministère ; et le devoir de la royauté est de veiller sans cesse a ce que le gouvernement soit en harmonie avec les chambres : car elles représentent la nation, expriment ses besoins, et font connaître sa volonté. Si depuis huit mois on ne voit qu’hésitations et changements de ministère , c’est le fait des chambres, de cette chambre surtout à laquelle la nécessité a pu donner un mandat, et dont la prérogative royale, mieux éclairée, aurait dû depuis longtemps faire justice. Examinons donc les causes de cette erreur et du malaise qui depuis trop longtemps nous tourmente. °...