Extrait du journal

DIJON, 8 SEPTEMBRE. La chambre des pairs a écoulé le long.rapport de M. de Barante, sur le projet de loi sur la presse, adopté par les députes. Ce rapport est, comme on pouvait s’y attendre, une longue diatribe contre la presse et contre la liberté. Le rapporteur a fait copier, sans doute dans tous les organes de la bonne presse , tous les lieux communs dont ils ont -rempli leurs colonnes; et de ces banales accusations il a composé son rapport, écouté, dit le Journal des Débats, avec la plus religieuse attention. M. le rapporteur se plaint, au nom de la chambre, que chaque année le sans-façon des députés oblige la pairie à voter sans discussion les loisqu’on lui propose, mais il se garde bien de conclure d’une manière qui prouve quelque peu d’indépendance. Son zèle pour le système doctrinaire est trop grand, pour qu’il veuille l’entraver par une misérable question.de dignité : c’est si peu de; chose. La conclusion qu’on peut tirer du rapport ’ de M. de Barante est celle-ci : « La presse a fait la révolution de Juillet ; cette révolution a ébranlé la pairie; elle y a perdu son plus précieux avantage, V hérédité; .elle se souvient de ses perles, il est bien naturel qu’elle saisisse ,l’occasion de se venger. » Il faut être de bon compte, on savait bien les rancunes de la pairie, chacun connaissait son mauvais vouloir; mais il appartenait à M. de Barante d’exprimer aussi naïvement sa haine contre la démocratie, et l'espoir qu’il entretient de l’écraser,Dieu aidant. On disait des Bourbons qu'ils n’avaient rien oublié ni rien appris, l’historien des ducs de Bourgogne a sans doute beaucoup appris et beaucoup oublié....