Extrait du journal

Les instructions ministérielles, no tez bien, ne me surprennent pas le moins du monde. Grâce à Dieu le temps est passé où Von pouvait me compter parmi les naïfs et où je croyais à la parole d’un radicaj ou à la bonne foi d’un orléaniste. Si je parle de la circulaire du grand maître de l’Université, [c’est tout sim plement pareeque je veux vous faire toucher du doigt la façon dont est berné le pauvre populaire. Il y a deux mois à peine, — c’était je crois le 11 juin dernier, • - M. Du puy, président du conseil et ancien fonctionnaire de l’Instruction Publi que, tenait, dans un discours qu’il prononçait à Albi, le langage ci-après aux membres du personnel enseignant. « Il peut s’en trouver parmi vous qui « se sont imaginé que le meilleur « moyen de servir la République était « de se jeter dans la lutte des partis. « Eh bien, non ! Vous ne devez pas « entrer dans ces conflits... Tout i homme qui mêle la politique à l’ent seignement doit être exclu... Le « champ de bataille électorale doit être « fermé à l’instituteur... Votre œuvre « n’est pas d’être des agents électoe raux ». Certes, voilà un beau langage et je défie à qui que ce soit d’y trouver un seul mot à reprendre. Non seulement l’instituteur ne doit pas servir d’agent électoral pour la propagande officielle, mais il manque en ce point à ses de voirs s’il se mêle de politique, qu’il doit être déclaré indigne d’instruire la jeunesse. Malheureusement les beaux dis cours ne sont pas grand’chose ; ce sont les actes qui sont tout. Or, les actes démentent absolument ce que les discours affirment. Les instituteurs doivent donc rester à leur poste pendant le mois d’août, au lieu d’aller en vacances. Comment arrangez-vous cela avec ce que disait M. Dupuy aux instituteurs du Tarn ? Il semblerait que la période électo rale ne doit rien avoir à faire avec les instituteurs. Pourvu qu’ils soient là le jour du scrutin pour remplir leurs de voirs de citoyens, il semblerait qu’on n’a rien à leur demander de plus. Erreur. Les instituteurs ont une au tre besogne. Il faut qu’ils aident les agents de l’orateur d’Albi à préparer les élections suivant le cœur radical et suivant la méthode opportuniste. Comme, en définitive, toute peine mérite salaire, la Chambre panamiste avait pris ses précautions pour s’as surer le dévouement des maîtres d’école. Elle leur avait généreusement promis un fort pourboire, avant de s’en aller. C’est ce qui vous explique comment nos honorables majoritards avaient lâché avec autant d’aisance la baga telle de vingt-un millions au person nel de renseignement primaire. C’était tout bêtement pour payer son concours électoral, et nos gail lards savaient bien ce qu’ils faisaient. Seulement ils ont eu un embête ment. Le Sénat avait réduit la largesse à 14 millions, ce qui laissait encore une assez jolie somme. Mais quand il s’est agi d’établir le budget, on a vu qu’on ne pouvait dépasser 3 millions sans s’exposer à faire une de ces cul butes financières dont le souvenir se rait impérissable. Et même, au der nier moment, il a fallu rogner encore 40.000 livres sur les 3 millions, sans quoi le budget ne se pouvait boucler. Les instituteurs sont actuellement dans la situation d’un serviteur qui a reçu des arrhes sur ses gages. S’ils...