Extrait du journal
Nous avons reçu une lettre en réponse à l’article publié dans notre dernier numéro, sur la question de la cherté des céréales. Une discussion de cette nature présentant un grand intérêt dans les circonstances actuelles, nous nous empressons de donner place à cette lettre dans nos colonnes. Bar-sur-Seinc , le 10 février 1847. Monsieur le Rédacteur , Dans votre Journal du 6 de ce mois, vous avez publié un article intitulé : Cherté des céréales , scs causes, ses effets, ses remèdes. J’ap plaudis au zèle philanthropique qui a suggéré cet article ; mais je ne puis partager, ni en la forme, ni au fond, les idées de l’auteur sur les causes de la cherté des grains , et sur les moyens à employ er pour la prévenir. Selon lui, indépendamment de l’insuffisance de la récolte , ce sont les spéculations sur les blés qui amènent la disette, et il part de là pour blâmer vertement les marchands de grains, et leur lancer cet anathème : « Honte à ces spéculateurs qui, foulant aux pieds tout sentiment de l'humanité la plus vulgaire, se font un injernal plaisir, dans les con jonctures actuelles, de s’approprier, avec leurs capitaux, d’immenses quantités de ijrains , dans l’espoir d’affamer, ou tout au moins de ran çonner à leur guise les populations!!! Comment n’a-t-il pas pensé , en publiant des paroles aussi sévères, et, pcrmetlez-moi de le dire, aussi injustes, que, dans le cas d’une ef fervescence populaire, si nous avions le malheur d’en être atteints, les révoltés pourraient faire un mauvais parti à ceux qui, jusqu’ici , ont eu la réputation de spéculer sur les grains? On sait cependant que l’émeute ne calcule pas, et qu’elle motive ses violences, quand elle les motive, sur les plus frivoles prétextes. Je crois donc, en la forme , que l’auteur a eu tort, dans un moment aussi critique, de livrer à l’animadversion de leurs concitoyens , des gens auxquels il serait fâché, sans doute, de voir arriver le moindre mal. Il eût mieux valu attendre un temps plus calme pour parler des spécu lateurs , — mais dire qu’une des causes de la disette actuelle est l’émeute, qui ôte toute confiance au laboureur et lui fait resserrer ses grains, — et se borner, quant à présent, à adresser au gouvernement le projet de loi qu’il a conçu pour prévenir, selon lui, le retour des abus. Permettez-moi cependant d’examiner et de critiquer ce projet : Votre correspondant veut supprimer le commerce des grains , ou plu tôt le tolérer à des conditions telles qu'il ne puisse plus présenter aucun avantage , ce qui équivaut à une suppression. En effet, il veut que le marchand de grains soit imposé à une forte patente , et que ses approvisionnements soient limités ; en d’autres ter mes, il le frappe d’une forte contribution dont celui-ci ne peut se rédimer que par de grandes spéculations, et il lui ôte le droit de spéculer à son gré. C’est tout simplement lui dire : Vous ne ferez pas le commerce. Ce qui prouve que le commerce des grains, fait sur une petite échelle, n’est pas très-avantageux , surtout dans notre département, c’est que personne ne s’en occupe. Quelle en est la cause? Elle provient de ce qu’il y a trop de variations dans les prix , et de ce que nous sommes trop éloignés des localités qu’il faut absolument alimenter ; les transports absorberaient une grande partie des bénéfices, et le marchand ne pour rait plus soutenir la concurrence avec les fournisseurs plus rapprochés. Le seul commerce que l’on puisse faire dans nos pays avec quelque...
À propos
En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.
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