Extrait du journal

auprès de lui, pour connaître l’adresse de Schun berg. — Ah ! fit Isaac après avoir lu, il ne perd pas de temps. — De qui parlez-vous, mon père ? demanda Clotilde. — Mais de ce pauvre marquis. Tiens, lis, mon enfant. La jeune fille prit la lettre que lui tendait son père, et la lut avec un intérêt qu’elle ne chercha point à dissimuler. — J’espère qu’il y met de l’empressement, re prit le banquier ; crois-moi, Clotilde, ce jeune homme t’aime sérieusement, et bientôt tu seras marquise. — Vous jugez les autres d’après vous, mon bon père. Nous verrons si cette belle ardeur de M. d’Al viella n’est point un feu de paille. — Alors tu demeures implacable? — Non, mais je persiste dans ma résolution. — Elle te chagrine cependant, et je m’en suis aperçu. — Qui a pu vous inspirer cette supposition ? — Les profondes rêveries auxquelles, malgré tout le plaisir que tu as eu de faire ce voyage, tu n’as pu complètement échapper. Dans cette chaise de poste, lancée au grand trot, qui nous menait ici, je respectais autant ton mutisme que je pre nais à tâche de partager tes admirations, car sou vent un long silence succédait à tes réflexions charmantes, je suivais alors tes yeux, et ton re gard fixe m'apprenait que ta pensée était au loin, Clotilde, c’est-à-dire à Paris, là où se trouve le marquis d’Alviella. — Eh bien ! c'est vrai, mon père ; mais ce sen timent n’est-il pas bien naturel ? — Si»Hâturel, chère enfant, que loin de t'en blâmer, il me comble de joie. Le père et la fille s’entretinrent encore ainsi pendant quelque temps du but de leur voyage, v vt...