Extrait du journal

Un métier peu connu. — Inspecteur sus ceptible. — Confondu par l'évidence. — La casquette du souvenir. Dans un commissariat de police que nous ne nommerons pas, pour ne pas renouveler les an goisses de l'inspecteur qui fut le héros de cette histoire, se présentait, il y a quelques jours, un homme d'une cinquantaine d'années, d'allures modestes quoique très convenablement mis. Poliment, le chapeau à la main, il s'adressa à unjinspecteur de service: — Monsiéur, demanda-t-il, je voudrais faire établir un certificat d'identité. L'autre, dérangé dans la lecture de son journal qui racontait l'évasion du banquier Boulaine, leva la tête d'un air maussade : »■!- Avez-vous deux témoins patentés ? Je vais aller les chercher. — C'est bon. En attendant, donnez-moi vos noms, votre profession et votre adresse. — Charles Dumond, cinquante-cinq ans, cou peur de poils de lapins. — Vous dites ? — Coupeur de poils de lapins. [ . >— Ce.n'est pas une profession, celai — C'est la mienne, pourtant. — Allons donc I Marchand de peaux de lapins, bric-à-brac, tout ce que vous voudrez, mais pas ça— Je vous assure. — Taisez-vous, vous vous moquez de moi, je vais vous apprendre à vous payer la tête de la justice. Je vous consigne à la disposition du commissaire, monsieur le mauvais plaisant ! — Consultez un dictionnaire des professions,' vous verrez. — Je n'en ai pas et je n'ai pas le temps, du reste. Asseyez-vous et taisez-vous, où je vous fais mettre au violon. Après cette violente sortie, M. l'inspecteur se replongea dans la lecture des hauts laits de Boulaine, qui décidément l'intéressaient. ; Quand il fut au bout de son journal il appela un agent et, lui montrant le Solliciteur qu'il avait si vivement consigné : — Voilà un individu qui se prétend coupeur j de poils de lapins. Vous allez vous rendre à son...