Extrait du journal

de ces corps, s'apprêtait à prendre les mé dailles.. . —Ses mainsétaientrougesdesang... de larges taches sanglantes couvraient son visage et le rendaient méconnaissable... Ah! quel horrible rêve ! — Bien horrible ! — appuya Jérôme. — Par bonheur ce n'était qu'un rêve, et monsieu r le comte connaît le proverbe : Tout songe est mensonge ! . • — Oui, —répéta Philippe de Thonnerieux,— tout songe est mensonge !... Heureusement. Et sa tête pâle, un instant soulevée, retomba sur l'oreiller. Le vieux valet de chambre jugea qu'il était opportun de laisser reposer son maître, main tenant très calme, et il s'éloigna. Vers neuf heures il revint. Le comte avait les yeux fermés. Une respiration bruyante, mais régulière, s'échappaiHfe sa poitrine.' — U dort, — pensa Jérôme, — tout permet de supposer que la nuit sera bonne, et de main notre cher maître redeviendra ce qu'il était hier. A dix hteures, tout le monde reposait dans l'hôtel, sauf Philippe de Thoineri.eux. Vers cette heure, il subit une nouvelle crise. Il se souleva sur son lit et tendit avec violenoe les bras en avant comme pour repous ser les fantômes que ses regards hallucinés voyaient autour'de lui. Ses lèvres s'agitaient. A coup sûr il voulait parler, crier, appeler à son aide, mais aucun son ne pouvait sortir de sa gorgé. Ses mains s'abattirent sur le lit et, reprises d'un mouvement nerveux et machinal, se mirént à remonter, remonter sans cesse les draps et les couvertures. Tout à coup les yeux, hagards jusqu'à ce moment, s'éteignirent, un tremblement convulsif secoua les membres du vieillard, la tête'...