Extrait du journal

Pour lui, il n'y avait plus qu'une seule chose au monde : la blessure de Claudine. Cette blessure était-elle mortelle? Claudine avait la figure ensanglantée et un large trou béant près' du front.1 Les blessures à la tète sont, tout le monde 1» sait, ou trè9 graves ou fort bénignes. Dans quelle catégorie rentrait celle-là? Montmayeur n'était pas médecin. Il ne pou vait le dire. ' Claudine, évanouie, semblait morte. — Aidez-moi à la transporter dans un lit, dit Jean. Cinq minutes après, Claudine était couchée et Lucienne avertie, tout en pleurs, s'em pressait auprès d'elle. Elle lava la plaie avec de l'eau fraîche,—% la fraîcheur de l'eau faisait vibrer tous les nerfs de la blessée, en sa léthargie. Elle mit sur le front un bandage provisoire, en attendant que le chirurgien allemand, qui l'avait soignée elle-même, et que les paysans s'étaient chargés de prévenir, fût venu exami-. her la pauvre fille. Montmayeur, silencieux, restait dans la chambre. Ses yeux ne pouvaient se détacher de la blanche figure de Claudine et ils exprimaient, dans ce regard, tant de haine, tant de cruauté, que Lucienne sentait ses mains trembler vio lemment et qu'il lui était, pendant quelques secondes, impossible de continuer ses soins délicats à Claudine. Devinait-ell» donc les sombres pensées de Montmayeur? Avait-elle pénétré ses.projets? Le chirurgien arriva presque aussitôt. Il examina Claudine, pendant que Georges et Lucienne l'aidaient et que dans le fond de la chambre, Montmayeur, silencieux toujours, examinait cette «cène et attendait le verdict du docteur....