Extrait du journal

— Ma sœur a disparu, on ne sait pas ce qu'elle est devenue, répondit Berthe entre deux sanglots. Un coup de massue en pleine poitrine n'au rait pas frappé plus cruellement Mme Pal mers. Elle devint affreusement pâle, poussa un' cri rauque et chancela prête à tomber. Tout se déchirait en elle. Mais elle était habi tuée à la souffrance; elle se raidit contre la douleur pour écouter la jeune fille qui disait: — C'est Suzanne qui a conduit notre mère à l'hôpital, il y a trois semaines, et elle n'est pas revenue rue de la Bienfaisance. Que lui est-il arrivé? Nous ne le savons pas, nous n'avons rien pu savoir. Jusqu'à, présent, nous avons pu cacher l'affreuse chose à maman; il le fallait, ça aurait pn la tuer... Mais ce soir, quand elle ne verra pas Suzanne, il faudra lui dire la vérité. Ah! je tremble... Si vous saviez comme maman aime Suzanne ! Mme Palmers, dont la poitrine se soulevait violemment, faisait des efforts surhumains pour retenir ses larmes et ne pas éclater en sanglots. — C'est affreux, affreux, dit-elle d'une voix brisée ; mais voyons, est-ce que vous' n'avez rien fait, depuis trois semaines, pour retrou ver votre sœur? — Le commissaire de police a été prévenu, madame, il y a eu une enquête, des agents se sont mis à la recherche de Suzanne; tout a été inutile, on ne la retrouve pas. La jeune femme se sentait défaillir. — Mon Dieu, dit-elle du fond de son âme, donnez-moi la force dont j'ai besoin ; soute nez-moi dans cette épreuve plus terrible et plus cruelle que toutes les autres. Elle reprit à haute voix, s'adrecsant à la jeune fille ; . — La disparition dô votre sœur est bien mystérieuse, bien étrange; mais on doit faire dos suppositions?'...