Extrait du journal
dans les ministères, faisaient obtenir des dé corations. . . L'intermédiaire était une femme Limousin, ■habitant avenue Wagram. • Cette femme voyait le général matin et soir. Elle' aussi a tout avoué et, parlant d'un per sonnage très haut placé, elle aurait dit : — Ça devenait très dur; M.X. ne voulait pas transiger;' il lui fallait 50,000 francs pour la moindre décoration... Et dam ! 50,000 francs, c'est raide. Il paraît que le moyen habituel employé pour obtenir de l'argent, avec une apparence d'honorabilité, c'était lafondation d'un journal. — Le gouvernement, disait-on, en vue des prochaines élections, a besoin d'avoir des journaux dévoués à sa politique... Si vous prenez pour 50,000 francs d'actions du journal en fondation, vous aurez la croix en janvier. La croix venait assez régulièrement, mais le journal ne paraissait pas. D'autres fois., au contraire, rien.ne venait; car il parait y avoir eu plusieurs agences. Les origines du scandale Depuis quelque temps, de nombreux avis affluaient à la préfecture de police, concer nant les agissements d'un certain nombre d'individus faisant trafic de décorations. Un exemple entre cant : M. B., fabricant d'orfèvrerie d'art, de la rue des Archives, homme considérable dans le commerce parisien, et très justement consi déré, reçut un jour la visite d'un individu qui demanda à l'entretenir en particulier. Cet individu exposa à M. B. qu'il avait le moyen de lui faire obtenir dans un très bref délai la croix de la Légion d'honneur. Il fallait pour cela entrer dans une.combinaison finan cière dont le but était la création d'un jour nal qui défendrait les intérêts du cabinet Rouvier. Les économies budgétaires à réaliser met taient le gouvernement dans la nécessité de faire appel aux ressources personnelles de ses amis, mais on saurait reconnaître le service rendu. .< Du reste, l'interlocuteur de M. B. lui dit n'être qu'un intermédiaire et lui offrit de le mettre en rapport avec un personnage consi dérable, le baron de C., appartenant à la colonie russe, et qui luifournirait dé plus am ples détails. M. B., indigné de la proposition qui lui était faite, parut accepter la combinaison, mais dans le seul but de démasquer les coupables qui ont été arrêtés et sont actuellement sous les verrous. Isolée, une tentative d'escroquerie de ce genre eût été banale; mais par le nombre des plaintes, l'insistance et la multiplicité des dé nonciateurs, l'affaire se présentait avec un caractère trop sérieux pour que la préfecture de police hésitât à ouvrir et à poursuivre ré solument une. enquête sur l'ensemble des faits qui.lui étaient dénoncés. Toutes les pistes suivies aboutirent à la Limouzin, qui fut dès lors considérée comme l'entremetteuse de personnages plus ou moins haut placés. Cette femme était désignée, en outre, à tort ou à raison, comme une espionne au service de l'étranger; le bruit courait aussi qu'elle tripotait dans les fonds publics par l'intermédiaire de personnages tarés. Il fallait agir avec rigueur et, coûte que coûte, avoir le cœur net de toutes ces histoires. Des ordres furent donnés pour qu'un agent de la sûreté éprouvé surveillât de près la Limouzin, et surprît le secret de ses agisse ments. Cet agent, ayant ses coudées franches, imagina de se faire passer auprès d'elle pour un riche provincial à la conquête de la croix. Il réussit, avec une habileté merveilleuse, à la tromper et, poussant l'aventure jusqu'au bout, finit par être mis en rapport avec le gé néral Caffarel. La croix lui fut promise pour 25,000 francs. Rendez-vous fut pris pour le dépôt de la somme. L'agent s'y présenta et le général s'apprêta à recevoir le prix du marché. L'a gent constata que le général acceptait l'argent et se retira. Au début de cette affaire on ne savait pas où on allait.- Il s'agissait surtout de démasquer l'aventurière et de couper court à la triste in dustrie dont on la savait le pivot. Mais on ne pensait pas qu'il y avait un gé...
À propos
Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.
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