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Le Petit Journal, 16 avril 1912

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Le Petit Journal
16 avril 1912


Extrait du journal

PROPOS D'ACTUALITÉ ta science et le crime , . , ! ** Les gens de la « bande noire » qui, aux temps révolutionnaires, pillèrent les églises de France étaient de fort grossiers coquins et ne connaissaient rien de rien à l'art et à l'archéologie. Chaudronniers et marchands de ferrailles, pour la plupart, ils prenaient au hasard,tout ce qui brillait, tout ce qui était d'or, d'argent ou de bronze, lis volaient ou, quand ils ne pouvaient pas voler, ils ache taient les merveilles vendues comme biens nationaux ; et tout aussitôt, ils se mettaient en devoir de les. détruire. Les vases, les châsses, les reliquaires, les croix, les ciboires étaient envoyés au creuset après avoir été allégés des pierres précieuses qui les or naient. On vit de ces misérables s'emparer de tapisseries tissées d'or et d'argent, les brûler pour en extraire quelques fils de métal pré cieux et détruire ainsi, en vue d'un profit mi nime, des œuVres d'art- dont la valeur était inestimable. * Nos actuels voleurs d'églises et de musées se gardent d'un tel vandalisme. Loin d'ignorer le prix des objets qu'ils vo lent dans les musées et dans les sanctuaires, ils le connaissent, bien, au contraire. Ce sont gens que leur savoir archéologique ne peut égarer. Le fameux Thomas, dont les vols firent tant de bruit il y a quelques années, Thomas, lorsqu'il détroussait une église, ne se trom pait jamais et allait droit au coffre qui con tenait lê plus beau joyau du trésor.Quant à Ferrapd, dont on vient d'arrêter les complices, il est,, paraît-il, plus étonnant encbre.Dcs antiquaires,avec lesquels il se trouva en relations, assurent qu'il est, en matière d'antiquités, le plus habile homme du monde. ■ d- Il connaît personnellement, disait l'un d'eux, les œuvres d'art- qui sont" dans toutes les églises et dans tous les musées d'Europe.»De 'combien de conservateurs de musées pourrait-on en dire autant ? C'est encore la un des signes du progrès scientifique en matière de criminalité qui caractérise ce temps-ci. De m&me que les bandits mettent à profit toutes les ressources de la science, alors que la police en est encore aux pratiques du pas sé, de même, les voleurs d'églises et de mu sées se montrent plus experts et meilleurs connaisseurs que nos archéologues officiels... Que pensent de ces résultats les bons socio logues d'il y a umie trentaine d'années, qui croyaient dur comme fer que la science et l'instruction répandues dans les masses triompheraient à tout jamais de la crimina lité ? - - ■ : Jean Leçon....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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